défile. Mais seuls ses intimes empruntent l’escalier droit
qui donne accès à son appartement privé sous les toits :
une salle de bains, un boudoir et une chambre, couvrant
à eux trois à peine plus de 60 m^2 , terrasse comprise.
Décoré par Rateau, ce refuge n’en exprime pas moins la
personnalité de Jeanne Lanvin, ses goûts, ses envies, ses
intuitions. Pour la salle de bains, c’est elle qui choisit les
matériaux précieux : marbre, stuc et bronze patiné que
Rateau met en œuvre de manière exceptionnelle.
L’ensemble, classique, échappe aux modes. Et le décor,
par son unité, sa composition géométrique subtile, son
raffinement et sa sophistication, apparaît intemporel.
deux pièces intimes aux couleurs fortes
Décorés en 1925, la chambre et le boudoir offrent des
partis pris plus radicaux encore dans leur manière de
réécrire le passé. Le « bleu Lanvin », bleu profond légè-
rement teinté d’un rouge qui le fait tourner au violet,
élaboré dans la propre usine de teinture de la coutu-
rière, y règne en maître, orné de motifs floraux blancs
brodés dans ses ateliers de couture. Les deux pièces
ne sont séparées que par une grande baie vitrée qui
théâtralise la vue et agrandit visuellement l’espace.
Dans ce décor fort, le mobilier est conçu sur mesure ;
les magnifiques objets en bronze ou en bois précieux,
sont complétés d’assises multiples et confortables.
Un don pour la postérité
Jeanne vécut entre ces murs jusqu’à sa mort en 1946,
entourée de photos, d’œuvres d’art et de collections
adroitement mises en scène dans son boudoir. En 1958,
à la mort de sa fille, qui avait conservé ces lieux inchangés,
l’empire Lanvin est partagé entre deux neveux. Le prince
Louis de Polignac, qui hérite de l’hôtel particulier, offre
en 1965 au musée des Arts décoratifs l’ensemble des
décors de la salle de bains, de la chambre et du boudoir,
précautionneusement démontés et remontés dans un
appartement conçu à leurs dimensions au sein du musée.
C’est là qu’ils s’offrent, depuis, à la visite du public..
...
- L’appartement
occupait l’étage
sous comble de
cette aile de style
classique, construite
entre 1921 et 1925
par les architectes
Richard Bouwens
van der Boijen et
Maurice Boutterin.
- La baignoire,
creusée d’un seul
bloc dans un marbre
de Hauteville, est
mise en scène dans
une abside ornée
d’un bas-relief en
staff. Sol en marbre
de Sienne de trois
coloris, mobilier en
marbre, robinetterie
en bronze : la salle
de bains affiche des
matériaux précieux.
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© Patrimoine Lanvin
Bleu lanvin, marbre, stuc et
bronze signent un style raffiné.