Coup de Pouce - (02)January-February 2020

(Comicgek) #1

PHOTO: SHUTTERSTOCK; GETTY IMAGES (ROSE)/E.


DÉSIR OU AMOUR?


Dans son bureau de sexologue, Véronique
Lauzière accueille parfois des clients qui
se posent une question bien précise: Est-ce
du désir ou de l’amour que j’éprouve pour
mon collègue? Parfois, la ligne entre les deux
est bien mince. Selon la sexologue, le désir
se trouve davantage sur le plan du ressenti.
«Si vous avez envie de rester coincé dans
l’ascenseur avec cette personne, on parle
clairement de désir, dit-elle. Si vous avez envie
d’acheter une maison et de partager vos di-
manches matin avec elle, on parle d’amour.»
Certaines personnalités sont également plus
sensibles aux jeux de séduction que d’autres.
Les gens extravertis, ceux qui s’ennuient, qui
ont besoin de changement, de stress ou d’inter-
dit sont plus enclins à s’aventurer sur le chemin
de l’amourette de bureau. Certaines personnali-
tés vont même chercher à se valider à travers
le flirt. Le jeu de séduction sert à flatter leur
égo, et elles ne pensent pas à l’effet que leurs
actions ont sur les autres.
LE FLIRT, C'EST QUOI EXACTEMENT?
«Le flirt est difficile à définir. Pour certains,
il s’agit d’un simple regard... Pour d’autres,
d’une complicité qu’on développe. On parle
souvent de flirt lorsqu’il y a une initiative
sexuelle. Et encore là, la question demeure
subjective. Par exemple, vous accordez un
sourire bienveillant à votre collègue... et
lui l’interprète comme une invitation à aller
plus loin!» illustre Véronique Lauzière.

EN PARLER OU NE PAS EN PARLER,
TELLE EST LA QUESTION
François St Père croit que cela dépend beaucoup du
milieu dans lequel on travaille. «Il peut y avoir des
conséquences négatives à avouer une relation intime au
bureau, explique-t-il. Par exemple, si les deux parte-
naires évoluent dans des services en compétition, leur
relation pourrait être mal vue par leurs pairs. Toutefois,
certaines personnes auront du mal à garder cette nou-
velle pour elles-mêmes. Dans tous les cas, il faut réflé-
chir aux conséquences d’une telle annonce et prendre
la meilleure décision selon la situation.»

PAS TOUJOURS UN HAPPY ENDING
Au début, la séduction commence de façon banale:
quelques sourires, de petites attentions, des services
rendus. Puis la relation progresse et l’on se fait prendre
au jeu, on développe de l’intérêt, des sentiments pour la
personne.
«Avant d’aller plus loin dans le flirt, il faut se poser des
questions, conseille Véronique Lauzière. On doit se de-
mander ce que l’on veut aller chercher dans cette relation
de séduction et envisager les conséquences. Quand on
flirte avec quelqu’un au bureau et que ça ne fonctionne
pas, l’“après” peut être difficile à vivre. Il faut se demander
si l’on est prête à s’embarquer là-dedans.»
Cette situation, Julia et Guillaume l’ont vécue. Le
couple s’est séparé après deux ans de vie commune. Le
quotidien n’était pas évident à vivre au bureau. «La pé-
riode qui a suivi était peu agréable, relate Julia. C’est
difficile de voir la personne au travail, d’être obligée de
lui parler malgré tout pour des raisons professionnelles.
Le plus dur, c’est de voir que tu lui fais de la peine.»
Après une courte pause, Julia et Guillaume se sont unis
de nouveau et, aujourd’hui, ils filent le parfait bonheur,
mais ne travaillent plus ensemble. «Avec le recul, je crois
que c’est mieux ainsi, admet-elle. Le soir, on ne faisait que
parler du boulot, ce qui n’est plus le cas aujourd’hui. On
a atteint un meilleur équilibre.»
Alors, le flirt au bureau, oui, pourquoi pas, tant que
vous avez bien réfléchi à ce qu’il implique. Et attention
aux partys où l’alcool coule à flots! Les lendemains pour-
raient se révéler un peu moins rigolos... •

Véronique Lauzière, sexologue, renchérit: «Au tra-
vail, le flirt est facile. On passe beaucoup de temps avec
nos collègues et l’on s’y présente – en général – sous notre
meilleur jour: bien habillée, de bonne humeur, etc. On
apprend à connaître nos collègues et l’on développe des
liens particuliers avec certains d’entre eux.»
Une étude menée par ADP Canada et dévoilée en
juin  2019 révèle d’ailleurs que 30 % des Canadiens vivent
ou ont déjà vécu une relation amoureuse avec un ou une
collègue. De ce pourcentage, près de la moitié a préféré
garder cette histoire secrète.

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JANVIER-FÉVRIER 2020
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