Coup de Pouce - (02)January-February 2020

(Comicgek) #1

Dans ce que vous appelez votre «essai-témoignage», vous


couvrez de nombreux enjeux de la société québécoise.


Pourquoi était-il important pour vous de vous prononcer


sur tous ces sujets?


Avec ce livre, on m’a octroyé une voix, et je l’ai utilisée pour


parler de sujets qui me tiennent à cœur et qui sont en


phase avec mes valeurs. Je mets de l’avant des probléma-


tiques qui semblent insurmontables aujourd’hui, mais


qui ne le sont pas si l’on s’y met tous ensemble et de la


bonne façon. Mon message est: mettons cartes sur table,


regardons ce que nous avons de bien, de mieux et de plus


au Québec, et utilisons cela pour faire encore mieux et


encore plus. Nous pourrions, si nous le décidions demain


matin, être un exemple à suivre pour les autres provinces


et les autres pays. Mais faisons d’abord entendre et com-


prendre d’où l’on vient et ce que l’on veut.


Parlez-nous du titre de votre livre, Ces différences qui


nous rassemblent.


Avec mon vécu d’immigrée, de voyageuse et d’observa-


trice, je me suis rendu compte qu’on a perdu cette vo-


lonté de comprendre l’autre. Mais, en réalité, l’autre,


c’est tout le monde, c’est même nous. Nous venons tous


de mondes, de cultures, de générations, d’éducations


scolaire et personnelle différents. Quand on parle de


différences, aujourd’hui, il ne faut pas oublier que cha-


cun de nous est unique, donc différent des autres.


Au fil des pages, vous revenez souvent sur l’importance


de la communication. Pourquoi?


Parce qu’on n’a pas d’autre choix que de communiquer


pour s’adapter! S’il n’y a pas de communication, si l’on ne


parle pas de sujets qui nous concernent tous, en tant que


société et en tant qu’être humain, comment parviendra-


t-on à s’entendre pour régler des choses, pour avancer


et pour évoluer? Moi, je dis: recommençons à nous par-


ler. Prenons de front ce qui nous dérange et osons en


parler. Ayons une conversation, des débats respectueux.


C’est comme ça que nous trouverons un terrain com-


mun de compréhension et d’acceptation.


Vous évoquez souvent la nécessité de travailler pour votre


communauté. Est-ce une valeur qui a guidé votre par-


cours d’entrepreneure depuis le début?


Depuis toujours, même avant d’être entrepreneure.


Peu importe ce que j’avais ou n’avais pas, j’ai toujours


aidé les autres, que ce soit en allant chercher du pain


pour une dame âgée ou en aidant un voisin à faire son


jardin. Puis, à partir du moment où j’ai eu la capacité


financière de redonner, c’est ce que j’ai fait. Aujourd’hui,


je participe à diverses causes qui me tiennent à cœur,


que ce soit par ma présence, financièrement, en faisant


du mentorat, en donnant une conférence ou en asso-


ciant mon nom.


On apprend également que l’argent est pour vous un simple


moyen d’échange et que vous n’êtes pas matérialiste. C’est


surprenant venant d’une femme d’affaires, non?


En tant qu’entrepreneure, je me dois d’avoir une entre-


prise rentable. J’ai besoin de faire de l’argent, de vendre


des produits dont je suis fière, de transmettre mes valeurs


avec ceux qui veulent y adhérer... C’est un besoin viscéral,
je suis une femme d’affaires. Mais, chaque fois que je fais
de l’argent, il est redonné. Je garde seulement ce dont j’ai
besoin pour vivre, c’est-à-dire me loger, m’habiller,
voyager et redonner à ma famille. Je n’accumule pas
pour accumuler. Je n’ai pas besoin d’un grand château
sur le bord de l’eau, comme les gens imaginent souvent
que j’habite. Si je n’ai pas ce besoin d’afficher quoi que ce
soit, c’est parce que je ne vis pas pour les autres. J’ai ap-
pris ça de ma maman, il y a très longtemps.

On vous connaissait comme en-
trepreneure; dans ce livre, on
vous découvre humaniste. Était-
ce l’objectif du livre?
Oui! Revenons à notre huma-
nisme! Je veux qu’on aille cher-
cher le meilleur de nous et que
nous soyons forts, ensemble.
N’ayons pas peur de l’autre ou
de ses différences. Au contraire,
ça fait du bien de découvrir les
autres. C’est dans la nature de
l’être humain d’être solidaire.
Moi, je veux vous découvrir. Je
veux comprendre comment
vous voyez la vie. C’est ce qui
me fera grandir. Alors, je vais
vers l’autre.
Au fil du livre, vous ne faites pas que des constats sur notre
société, vous proposez aussi des solutions. Est-ce que cet
ouvrage pourrait constituer la base de votre programme
si vous décidiez un jour de faire le saut en politique?
(Rire) Je fais déjà de la politique. Nous faisons tous de
la politique. À partir du moment où l’on s’engage et
que l’on partage nos opinions, on fait de la politique
citoyenne, engagée. Mais me présenter comme can-
didate pour un parti? Je ne dis ni oui ni non. Je ne le
sais pas. On n’a pas toujours besoin de se préoccuper
de demain, on doit d’abord vivre aujourd’hui. Cela
dit, je suis une grande amoureuse de chez nous. Je
souhaite que nous devenions un exemple pour le
reste du monde et on peut l’être... on va l’être. On n’a
pas d’autre choix: on ne peut pas reculer! Alors on va
aller de l’avant et on va y aller ensemble.•

Ces différences qui
nous rassemblent, de
Danièle Henkel, PLON,
202 pages, 22,95 $.

«Je mets de l’avant des


problématiques qui semblent


insurmontables aujourd’hui,


mais qui ne le sont pas si l’on


s’y met tous ensemble et de


la bonne façon.»


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JANVIER-FÉVRIER 2020
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Ma vie RENCONTRE


DANIELE HENKEL

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