Coup de Pouce - (09)September 2020

(Comicgek) #1
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PHOTO: BLANCHES BULLES/C (PATRICE GODIN).


À l’agenda | RENCONTRE |


m’interpelle beaucoup. Quand tout le monde se sauve,
eux, ils arrivent. Il faut avoir la vocation pour être prêt à
mourir pour sauver les autres.
Cette histoire de vengeance mettant en scène des ex-
trémistes radicaux baigne dans la violence. Où allez-
vous puiser cette noirceur? Sans vouloir faire de poli-
tique, je souhaitais que mon livre reflète le climat terrible
de la société polarisée dans laquelle on vit. Je crois à la lu-
mière, mais je m’inquiète pour ce qui s’en vient.
Vous avez animé la série documentaire Survivalistes
(Moi et Cie). Quelles leçons retenez-vous de ceux qui
adoptent ce mode de vie? Sans virer fou, il est important
d’être prêt à affronter une catastrophe. Avec la pandé-
mie, nous n’étions pas loin d’une crise beaucoup plus
grave – s’il y avait eu une rupture dans la chaîne d’appro-
visionnement, par exemple. Quand on a tout ce qu’il
faut pour une semaine ou 10 jours, on s’évite bien des
soucis et on ne dépend de personne.

Comment cette période angoissante a-t-elle teinté
la rédaction de votre roman, un suspense anxiogène?
Je venais d’entamer la deuxième moitié de mon manuscrit
quand le Québec s’est confiné. Dans le flot des nouvelles
alarmantes, j’ai eu de la difficulté à me concentrer. C’est
ardu de créer quand la tête est embrouillée. Grâce au pro-
gramme que je me suis imposé – tous les matins au clavier
de 4 h à 7 h –, je suis tout de même parvenu à remettre mon
manuscrit avec seulement deux semaines de retard.
Vous respectez une discipline stricte, tant dans l’écri-
ture que dans la course à pied. Auriez-vous aimé être
un militaire, comme Sam, le personnage de votre dip-
tyque, un vétéran des forces spéciales? C’est facile pour
moi de le dire à 52 ans, mais, plus jeune, oui, j’y ai pensé.
Depuis que je cours des ultramarathons, j’admire les gens
qui pratiquent des métiers physiques du service public qui
les poussent au-delà de leurs limites. La notion de l’exploit

ENTREVUE AVEC


PATRICE GODIN


LE LIVRE SUR SA TABLE DE CHEVET
Après avoir essayé de le lire une première fois il y a
30 ans, j’ai eu le goût de replonger dans Moby Dick.
L’écriture est naïve, presque enfantine. Habituellement,
je ne raffole pas des longues descriptions, mais
Melville en rédige de très belles.
L’ALBUM QU’IL ÉCOUTE
Pour le 35e anniversaire de Misplaced Childhood,
du groupe Marillion, j’ai eu envie de le revisiter. Il est
toujours aussi bon! Ce rock progressif me rappelle
les fabuleux souvenirs de l’été de mes 17 ans.
LA SÉRIE QU’IL REGARDE
Sur Netflix, la série documentaire Jeffrey Epstein:
pouvoir, argent et perversion révèle un personnage
absolument tordu et dégoûtant. J’ai l’impression que
plusieurs hommes influents qui gravitaient autour de
ce criminel demeurent protégés par le secret. Cette
histoire est une bombe qui n’a pas encore explosé.
L’ARTISTE SUR SON RADAR
Depuis que j’ai lu son roman 37°2 le matin, Philippe Djian
est l’un de mes auteurs fétiches. Je n’aime pas toujours
ce qu’il écrit – j’ai même détesté certains romans –, mais
je lis tout. Il a signé des œuvres si importantes pour moi
que je le considère comme mon mentor littéraire.

C’EST DANS LE BROUILLARD DU CONFINEMENT
QUE PATRICE GODIN A TERMINÉ L’ÉCRITURE DE
SON TROISIÈME ROMAN, LES CHIENS, LA SUITE
DE SAUVAGE, BABY, PARU EN 2018. À L’IMAGE
DE L’ACTEUR INTENSE ET DU MARATHONIEN
EXTRÊME QU’IL EST, L’AUTEUR NE CRAINT PAS
DE VISITER LES ZONES OBSCURES POUR
TROUVER LA LUMIÈRE. Par Laura Martin

Le roman Les chiens paraîtra le 23 septembre
chez Libre Expression.
Une autre histoire reprendra l’antenne cet automne,
à ICI Radio-Canada, tandis que la troisième saison
de Jenny sera diffusée à Unis TV.•

À l’agenda


11
SEPTEMBRE 2020
COUPDEPOUCE.COM

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