HélèneGrémillon «Je peux

me montrer cinglante.

Avec ses chansons, je ne joue

pasle jeude l’oreilleattentive qui

neserait quesucre etmiel »

I

ls ontchoisidenepasporterd’alliance.Parcequeleuramour

n’apasbesoindesigneextérieur,«parcequel’onestattaché

aulienmaispasà l’engagement». Parcequ’ilsfonttoutà deux

depuisdix-huitans,HélèneGrémillonn’hésitepasà parlerde

fusionà proposdesoncouple.«Je nepensepasquecetteten-

dancefusionnellesoitla plussaineoula plusconstructive»,

déclareensouriantla doucejeunefemme.«Maisc’estnotre

manièredefonctionnernaturelleet permanente.» Hélène et

Julien sont rarement séparés plus de trois nuits. Quand ce der-

nierquittaitleurdomicilelondonienpourchanterenFrance,il lui

arrivaitdeprendrel’Eurostarjusqu’àtroisfoisparsemainepour

la retrouver.Hélèneadmetquecettefusion«peutaussiconstituer

uneformed’aliénationà l’autre.Maisnousavonstoujourseuune

immensesynchronicitédansnosdésirs», ajoutecellequicraintplus

quetoutla disparitiondesgensqu’elleaime.«Notredifférenced’âge

estinhérenteà notrehistoire.Mêmesi j’aipluspeuraujourd’hui

qu’avant.Parcequele tempspasse...» Cetécartd’âge,vingt-neufans,

a contraintJulienà renoncerà undeuxièmeenfantavecHélène.

«Ouic’estunprojetdeviequej’auraisaiméavoiraveclui,natu-

rellement...c’estdéjàunetellechanced’avoirLéonard.Vraiment.»

Hélènenavigueentresesprojetsderomans,descénarios(elle

vientdecosignerceluidufilm«Presque» avecAlexandreJollien

etBernardCampan)et sonrôledepremièreoreilleauprèsdeson

époux.«Quand il décide de prendre le pouls de mon goût, il sait qu’il

va avoir une réponse directe et franche. Si j’ai les larmes aux yeux

quand j’entends une chanson que j’aime, il sait que c’est gagné. Mais

je peuxmemontrercinglante,je nejouepasle jeudel’oreilleatten-

tivequineseraitquesucreet miel.J’aimecettequalitéd’échange

et je resteadmirativedesonpouvoircréatif.»

Hélèneveilleégalementà la logistique.C’estellequia commandé

unclavieravantle premierconfinement,«afinqueJulienpuisse

composerdansunepièceà lui». Ellesaitcombienl’artistea besoin

desolitude.«Noussommes“deuxsolitudesaccompagnées”,comme

disaitnotrecherJean-LoupDabadie.»

QuandJulienexpliquequ’elleestresponsabledela bonneentente

duclanClerc,Hélènerépondparunemouedubitative.«Je n’aipasle

sentimentd’uneffort,justela certitudequec’estnormaldeprendre

desnouvellesdesesenfantsoudesesfrèreset sœurs.» Elleconsi-

dèreAngèle,Jeanne,Vanilleet Barnabécommepartieintégrantede

safamille.«Cen’estpasunarrangementdessentimentsdebelle-

mère.Je suisheureusedepasserdutempsaveceux.Lesenfantsde

Julienfontpartiedesgenslespluschersà moncœur.»

A Londres,villequiluia donnéuneimpulsionvitale,Hélènea

vécucinqannéesdansunebulleenchantée,admirativedela culture

commedela cuisinelocale,unrêveéveillé.«Tout me plaisait là-bas.

Ons’estredécouverttouslesdeux,l’anonymatnousa faitdubien.

Julienpensequenouspourrionsrepartir.EnItalie,enAllemagne,

peum’importe.C’estce quidonnesonsensà notrevie: cette grande

instabilité géographiquen’estpas contraire à une grande stabilité

amoureuse. Loin delà.» B.L.

du 11 Au 17 février 2021 PA RI S M AT C H