Paris Match - France (2021-02-25)

(Antfer) #1

Lydia


L’appLi qui vaut de L’or


Antoine Porte et Cyril Chiche (à dr.)
transforment votre Smartphone en carte de paiement.
Leur start-up fait un malheur auprès des jeunes...
et séduit hors de nos frontières.

par Méliné ristiguian / photo Claire delfino
L’expression « Je te fais un Lydia! », entendez :
« Je te rembourse via mon portable », est devenue mon-
naie courante. En moins de dix ans, l’application s’est
imposée dans les habitudes des consommateurs. Rece-
voir, dépenser et gérer l’argent plus simplement, sans
avoir à quitter sa banque, voilà comment l’entreprise
française a su fidéliser 4,5 millions d’utilisateurs dans
l’Hexagone... mais aussi en Europe.
Derrière ce succès, un duo d’entrepreneurs aux
compétences complémentaires : Cyril Chiche, diplômé
d’une école de commerce ayant bâti sa carrière dans les
systèmes informatiques des start-up, et Antoine Porte,
jeune diplômé en gestion et management des projets
technologiques. Une association qui au départ doit tout
au hasard : « Cyril m’a contacté en 2011 via le site Les
Amis de l’apéro que j’avais élaboré comme projet de fin
d’études. Je référençais les meilleurs bars en France et
cela permettait aussi de créer et d’organiser des apéros.
En parallèle, je travaillais sur la partie technique chez
My Little Paris », raconte Antoine Porte. « Je trouvais
son site très bien fait, explique Cyril Chiche. Pendant
six mois nous avons étudié la faisabilité du projet de
paiement mobile dans un bureau sous-loué en sous-sol.
Puis, durant un an, nous avons expérimenté sur le ter-
rain avec l’appli Drink’s on Me qui permettait de payer
avec un Smartphone dans une trentaine de bars. Nous
voulions apporter une solution simple et efficace aux
clients et aux commerçants. Une réussite! Nous avons
donc élargi le principe au marché bio du boulevard
Raspail à Paris avant de lancer officiellement Lydia en
juillet 2013. » C’est Antoine qui a trouvé le nom. Une
référence au royaume de Lydie contrôlé par les Grecs
dans l’Antiquité, où furent frappées les premières pièces
de monnaie au VIIe siècle av. J.-C. et dont l’un des plus
célèbres rois fut Crésus. « Cela fait sens lorsque l’on
parle d’argent! » précise Cyril Chiche.
Mais, sans publicité ni même équipe marketing, pas
facile de conquérir de nouveaux horizons. Le duo a
alors une idée : présenter Lydia à une
association étudiante. Enthousiaste, le
trésorier du bureau s’empare de l’ap-
plication pour faciliter le paiement des

soirées. Très vite, c’est tout le campus jusqu’à la cafétéria qui l’adopte.
D’université en université, la toile se tisse et bientôt le nombre d’uti-
lisateurs dépasse le million : « Nous avons eu la chance de bénéficier
de l’effet de réseau, ce qui est le Graal absolu pour notre entreprise.
Les gens ont adopté notre plateforme et se la sont appropriée en
fonction de leurs besoins. Aujourd’hui, plus d’une personne sur trois
chez les 18-35 ans utilise Lydia, et cela ne fait qu’augmenter dans
les autres tranches d’âge. »
Depuis sa création, de nouvelles fonctionnalités sont venues étof-
fer cette « super-app » : cagnottes, mini-prêt express, carte Visa de
débit, compte commun... et plus de 3 milliards d’euros de transac-
tions sont effectuées chaque année. Forcément avec pareil engoue-
ment, Lydia est devenue l’entreprise sur laquelle les investisseurs
n’hésitent plus à miser. En 2020, deux levées de fonds ont permis
d’injecter 112 millions d’euros, dont 40 millions du mastodonte
chinois Tencent, propriétaire de WeChat Pay, l’équivalent asiatique
de Lydia, et 70 millions d’euros du géant américain Accel, groupe
qui a notamment participé au premier financement de Facebook
et Spotify. Classée la même année parmi les start-up les plus
prometteuses de France par la French Tech, l’entreprise compte
aujourd’hui 130 salariés répartis à Paris, Bordeaux, Lyon, Amiens,
mais aussi au Portugal, et ambitionne d’ouvrir de nouveaux pôles
en Espagne, en Belgique, en Allemagne ou en Italie. Du minuscule
bureau des débuts, l’entreprise est passée à plus de 1 000 mètres
carrés décorés dans un esprit loft sur quatre niveaux dans un
immeuble au centre de Paris. Une réussite made in France qui
s’exporte bien : Lydia est disponible dans six pays européens et
compte bien devenir le leader de l’application de paiement dans
la zone euro : « La monnaie unique a supprimé les
frontières terrestres, il devrait en être de même pour
le numérique car la technologie, elle, n’a pas de
frontières! » conclut Antoine Porte.

ExcEllEncE françaisE


plus d’une personne
sur trois chez les 18-35 ans
utilise Lydia

LA SEMAINE dE


PARIS MATCH du 25 févriEr au 3 mars 2021

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