The Yale Anthology of Twentieth-Century French Poetry

(WallPaper) #1

part 1. 1897–1915: symbolism, post-symbolism, cubism, simultanism


l’indi√érence et de l’oubli. Toi, ce matin, tout seul dans l’ordre, le calme et la
révolution universelle. Toi, clou de diamant. Toi, pureté, pivot éblouissant du
flux et du reflux de ma pensée dans les lignes du monde.


Plus lourd


On attendait que l’homme étendu en travers du chemin se réveillât. La courbe
de la nuit s’arrêtait à la chaumière encore éclairée, au bord du pré, devant la forêt
qui fermait ses portes. Toute la fraîcheur audedans. Les animaux n’étaient là que
pour animer le paysage pendant que tout le reste marchait.
Car tout marchait, sauf les animaux, le paysage et moi, qui étais, avec cette
statue, plus immobile que l’autre, là-haut, sur le piédestal des nuages.


Ça


Les quelques raies qui raccourcissent le mur sont des indications pour la
police. Les arbres sont des têtes, ou les têtes des arbres, en tout cas les têtes des
arbres me menacent.
Elles courent tout le long du mur et j’ai peur d’arriver à l’endroit où l’on ouvre
la grille. Sur la route mon ombre me suit, oblique, et me dit que je cours trop vite.
C’est moi qui ai l’air d’un voleur. Enfin, près du petit bois d’où sort le pavillon,
je vais crier, je crie mais des pas tranquilles me rassurent. Et quelqu’un vient
m’ouvrir. Par la porte j’aperçois des amis qui sont en train de rire.
Peut-être est-il question de moi?


... S’entre-bâille


Du triangle des trottoirs de la place partent tous les fils et la faux de l’arc-en-
ciel, brisée derrière les nuages.
Au milieu celui qui attend, rouge, ne sachant où se mettre.
Tout le monde regarde et c’est au même endroit que le mur découvre sa
blessure.
La main qui ferme le volet s’en va, la tête que coupe le rayon ne tombe pas—et
il reste cette illusion qui attirait, au même instant, tous les regards vers ce drame
qui se jouait, face au couchant, sur la fenêtre.

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