The Yale Anthology of Twentieth-Century French Poetry

(WallPaper) #1

part 2. 1916–1930: dada and the heroic period of surrealism


La pluie est une épingle d’eau, et une aiguille de lumière, dans le dé du vent.

Le rose, c’est les dents de lait du soleil.

La voix humaine est le midi des sons.

Sens plastique (1948) (extraits)


La volupté est la plus puissante sensation que nous ayons de la vitesse.

Le nez est tout dos : le nez a toujours l’air de regarder dans la face. Le nez
n’assume un visage en propre que lorsque l’homme rit.


Le regard humain est un phare qui navigue.

L’homme en crachant, crache sa salive. L’eau en crachant, crache sa bouche.

Les contre-courants créent des visages dans l’eau, mais visages dont les traits
se succèdent à la queu leu leu, comme dans les faces «liquides» des gens bêtes.


L’hypocrisie met le regard en patte d’oie.

Si l’on pouvait tapoter la voix humaine, comme un diaphragme qu’on agite,
on obtiendrait la voix de l’eau.


Le regard est le plus long râteau.

L’absolu du neuf, c’est le nu total.

Le brouillard arrondit les sons. Toutes les voix dans le brouillard prennent un
ton gai.


L’espace est la plus grosse de toutes les bouches.

La mort est une «perte de sou∆e» étagée. La volupté est une « perte de
sou∆e » en rond.


Le bleu est le summum du propre. Après une longue contemplation d’un ciel
d’azur, nous avons l’œil lavé et bouchonné. Après son bain, l’homme a des
regards bleus.

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