part 2. 1916–1930: dada and the heroic period of surrealism
par eux jusqu’à la terre et quand
je remonte et ruisselle et m’ébroue,
j’invoque un dieu qui regarde aux fenêtres
et brille de plaisir dans les vitres caché.
Protégé par ses feux je lutte de vitesse
en moi-même avec l’eau qui ne veut pas attendre
et du fardeau des bruits de pas et de voitures
et de marteaux sur des tringles et de voix
tant de rapidité me délivre... Les quais
et les tours sont déjà loin lorsque soudain
je les retrouve, recouvrant comme les siècles,
avec autant d’amour et de terreur, vague après vague,
méandres de l’esprit la courbe de mon fleuve.
Cézanne
Comme au-dessus du ciel il y a le ciel et après la vie la vie, — au-delà du regard
il y a le regard.
Apre, violent, obstiné, le regard qui jaillit comme l’étincelle entre deux
pierres, — et sa joie confine à la panique et son élan si loin l’engage qu’il menace à
la fois le secret de l’esprit et celui des choses.
Lieu caché au fond du plein jour, domaine du feu primitif et des surprises de
la condensation, second regard! C’est là qu’au milieu du strident silence des
cigales, un Enchanteur seul, fumant de colère et de volonté, fait e√ort pour
rapprocher peu à peu l’une de l’autre les rebelles et rivales évidences du monde
sensible et de la pensée impalpable.
Tandis que d’autres cherchent la lumière (cette abstraction), il écarte d’un
geste le poudroiement des rayons et, possédé par les fureurs de la découverte, il
touche à la nature des choses: la Couleur.
Une parure? — Non! Un masque? — Non! l’Être même! Vérité venue du
centre des objets, puisée à leur substance, lentement repoussée sur leurs bords
par le travail des intimes échanges, purifiée par son ascension, hissée enfin à son
comble: l’air libre, — plus elle s’évapore, plus elle se renouvelle et plus elle reste
fraîche aux lèvres des yeux altérés.
Oui. Fraîche. Acide. Verte. Minérale. Absolue. Couleur, pierre de la con-
struction du monde, degré d’intensité des formes (qu’elle étire et modèle à
son gré), limite et lien des éléments, inséparable de la Création, comme elle
inépuisable...
Telle dans sa splendeur elle est donc aussi le secret, le carrefour magique et
mouvant où se rencontrent l’âme qui voit et les présences qui sont vues. Sans
quitter les plans qu’elle a construits, elle se plaît aux métamorphoses, s’altère