The Yale Anthology of Twentieth-Century French Poetry

(WallPaper) #1

part 3. 1931–1945: prewar and war poetry


conclure. À présent les têtes meurtries des deux battants dodelinaient l’une con-
tre l’autre. À cet instant le premier dut à dessein prononcer à l’oreille du second
des paroles si parfaitement o√ensantes, ou appropriées, ou énigmatiques, que de
celui-ci fila, prompte, totale, précise, une foudre qui coucha net l’incompréhensi-
ble combattant.
Certains êtres ont une signification qui nous manque. Qui sont-ils? Leur
secret tient au plus profond du secret même de la vie. Ils s’en approchent. Elle les
tue. Mais l’avenir qu’ils ont ainsi éveillé d’un murmure, les devinant, les crée. Ô
dédale de l’extrême amour!


Vers l’arbre-frère aux jours comptés


Harpe brève des mélèzes,
Sur l’éperon de mousse et de dalles en germe
—Façade des forêts où casse le nuage—,
Contrepoint du vide auquel je crois.


La Chambre dans l’espace


Tel le chant du ramier quand l’averse est prochaine—l’air se poudre de pluie, de
soleil revenant—, je m’éveille lavé, je fonds en m’élevant; je vendange le ciel
novice.


Allongé contre toi, je meus ta liberté. Je suis un bloc de terre qui réclame sa
fleur.


Est-il gorge menuisée plus radieuse qua la tienne? Demander c’est mourir!


L’aile de ton soupir met un duvet aux feuilles. Le trait de mon amour ferme ton
fruit, le boit.


Je suis dans la grâce de ton visage que mes ténèbres couvrent de joie.


Comme il est beau ton cri qui me donne ton silence!

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