The Yale Anthology of Twentieth-Century French Poetry

(WallPaper) #1

part 4. 1946–1966: the death of andré breton, the beginning of l’éphémère


Comme si au delà de toute forme pure
Tremblât un autre chant et le seul absolu.


O lumière et néant de la lumière, ô larmes
Souriantes plus haut que l’angoisse ou l’espoir,
O cygne, lieu réel dans l’irréelle eau sombre,
O source, quand ce fut profondément le soir!


Il semble que tu connaisses les deux rives,
L’extrême joie et l’extrême douleur.
Là-bas, parmi ces roseaux gris dans la lumière,
Il semble que tu puises de l’éternel.


La Neige


Elle est venue de plus loin que les routes,
Elle a touché le pré, l’ocre des fleurs,
De cette main qui écrit en fumée,
Elle a vaincu le temps par le silence.


Davantage de lumière ce soir
À cause de la neige.
On dirait que des feuilles brûlent, devant la porte,
Et il y a de l’eau dans le bois qu’on rentre.


La Tâche d’espérance


C’est l’aube. Et cette lampe a-t-elle donc fini
Ainsi sa tâche d’espérance, main posée
Dans le miroir embué sur la fièvre
De celui qui veillait, ne sachant pas mourir?


Mais il est vrai qu’il ne l’a pas éteinte,
Elle brûle pour lui, malgré le ciel.
Les mouettes crient leur âme à tes vitres givrées,
Le dormeur des matins, barque d’un autre fleuve.

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