The Yale Anthology of Twentieth-Century French Poetry

(WallPaper) #1

part 4. 1946–1966: the death of andré breton, the beginning of l’éphémère


n’aurez plus besoin de poser le pied, je rêve de marcher c’est vrai, de marcher et
de boire, et quand vous aurez bu impossible de marcher, et je rêve de terre, de la
terre tout près, de la terre tout à fait dessus, se touchant l’un sur l’autre, que je
rêve de poser la main à cet endroit, la main avant le pied, et vous marcherez
pendant cinq cents jours et la langue descendra vers vous, je rêve que je voyais les
arbres sauter par petits bonds, et des lignes de trois mille pas, on allait boire dans
ce jardin, et tous les oiseaux venaient se poser à son tour, sur les branches longues
et droites, pas d’autre figure que le pied suivant l’autre, et les deux sur la même
ligne, à pieds joints par bonds comme les moineaux. Une fourmi se hâte sur le
parquet, on vous l’a dit, on vous redira, ces choses n’ont pas d’importance, une
vieille fourmi sèche de quelle taille? Vous avez lu qu’en Éthiopie on élève des
fourmis aussi grandes qu’un grand chien, grattant le sable jour et nuit pour
trouver de l’or et capables de mettre en pièces un homme qui viendrait les voler,
les livres sont pleins de mensonges, six pattes à un chien qui fait des provisions,
l’abondance de la fourmi ne produit aucune richesse, l’abondance, l’abondance

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