part 4. 1946–1966: the death of andré breton, the beginning of l’éphémère
Pendus à la rampe comme des vieillards
Une fille en brodequins croque une pomme
De son bourdonnement le trafic rassure
Y aura-t-il toujours des hommes pour embrasser
L’espace de leurs bras même bruyants?
Et de l’herbe, des roses pâles pour apaiser
Leur fuite en tumulte dans le néant?
Y aura-t-il toujours une figure penchée
Pour déchi√rer l’écriture du mystère
Bienveillant d’un matin d’été?
Quelqu’un quelque chose pour lui donner
Ailleurs un nouveau rendez-vous?
Il y a la guerre ou la paix
Il y a la guerre ou la paix
La paix comme une douleur
quand se prolonge l’attente d’on ne sait quoi
La grêle tombe sur la bâche d’une charrette abandonnée
et cela fait un roulement de tambour
Quelques enfants blottis
y resteront pendant des heures qui ne furent
peut-être que des minutes ou même des secondes
Le ciel est de plomb, une absence
sans forme ni contenu ni couleur ni odeur
les cloue sur ces planches
Reviendront-ils
de cet écrasement
de cet enfoncement
dans le coeur boueux oublieux de la terre
Toutes les haleines
Toutes les haleines (me mentais-je)
dans mon haleine toutes les fleurs
pour aiguiser mes yeux toutes les
mers pour flâner dans mon sang
et du corps à corps avec le spectre
du vent la vie reverdissait toujours
mêlée aux boucles de la mort mais quelle
mémoire planait de prés et d’aurochs