part 4. 1946–1966: the death of andré breton, the beginning of l’éphémère
Sur des traces oubliées
Sur des traces oubliées, dans des lieux innommés, je vois le chœur des pleu-
reuses, sur les rives sud, je regarde les demeures en ruine, dans le matin frais,
j’admire celle, qui porte le masque de la douleur, les morts traversent la noire
passerelle, et cueillent les fruits du silence, la pluie hachure la grise lumière, j’ai
dit, oui, je viendrai, sans ruse, ni bouclier, ainsi j’ai répondu, à celle qui parlait,
d’un cœur coupé, traquée, à découvert, sur la plaine, les quatre vents apportaient
des messages opposés, elle dit, je me diviserai, je serai neuve, comme le soleil,
chaque jour.
Je prends le chemin
Je prends le chemin, qui mène au jardin de l’erreur, je joue avec les noms,
derrière le bosquet de la vérité, je bois là où l’enfant ramasse ses dés, je me cache
dans le hallier, où tremble la gazelle, le loup couvre le chant du berger, une brise
époussette mon corps, dans le jour noir, l’averse remplit le lac, qui sépare les deux
pays, je bois dans une coupe de Sumer un vin conservé, dans une amphore
d’argile, enfouie sous terre, depuis des millénaires, la vieille coupe, fossile du
paradis, exhale une haleine, que je flaire mortelle.