part 5. 1967–1980: the explosion of the next generation
Éloge de Robert Desnos
Parfois nous rêvons de jeunes femmes brunes un peu folles avec lesquelles il
serait bon d’écouter Coltrane et Ornette Coleman jusqu’à des heures impossibles
du petit matin le jour se lèverait sur des ta√etas des brocarts des étoles — mais
que ceci ne laisse pas supposer je ne sais quelle déliquescence nocturne — nous
aurions fait l’amour selon les règles ancestrales avec quelque peu de perversité
froide voire de distanciation je ne veux pas que vous m’aimiez me direz-vous
vous deviendriez mon semblable Pareils à des gisants, non des cadavres, non
deux bêtes accouplées le chi√re de vos lèvres sur mes hanches tel le carmin de vos
ongles et de mon sang qui éclatera à midi.
Maintenant
Maintenant ils me disent que je ressemble aux enfants du mois d’août qui
creusent des fossés dérisoires contre un château qui s’en e√ondrera. A peine
enlevé le sable glisse, gicle, petite pluie qui me traverse et j’abandonne bientôt,
yeux brûlés, les épaules recouvertes, les enfants pensent à la curée prochaine. Je
n’ai même plus la force l’envie de tenter le dialogue Trahi désemparé que peut
l’alcool sinon hâter l’échéance les coups de pelle vont pleuvoir J’aborde à la
douleur que je narguais du haut de mon bonheur factice ils vont bientôt m’inter-
roger, réclamer des éclaircissements je leur confie la date de mon suicide sans
cesse reportée depuis neuf ans. Solitaire, guère solidaire je me débats mais je