part 6. 1981–2002: young poetry at the end of the millennium
L’Automne
Le Shogun, soucieux d’ajouter à sa gloire, avait ordonné qu’un grand con-
cours de peinture se tînt au palais. Stimulons l’émulation, suscitons des joutes,
pensait-il, que tous rivalisent pour me plaire. L’écho d’un tel tournoi, s’il est
brillant, passera les frontières et les autres souverains en seront jaloux.
Des avis furent envoyés dans les villages les plus reculés, dans les monastères,
dans les ermitages. Tous les peintres-poètes du royaume étaient requis au vingt-
sixième jour de la quatrième lune sur les terrasses de l’Ouest. La règle édictée était
d’apporter son matériel, rouleaux de papier ou de soie, pinceaux et brosses,
bâtons d’encre et coupelles, et de se faire inscrire auprès du lieutenant de la garde.
À l’appel de son nom, chacun devrait improviser une peinture devant le sou-
verain, les hauts dignitaires et les juges, puis dire un poème inspiré par la pein-
ture, qui’il en soit le commentaire ou seulement le titre. Il était loisible aux
candidats de composer un poème sur-le-champ ou de faire appel à leur mémoire
des anciens. Afin de comparer ce qui est comparable et de choisir le vainqueur
sans risque d’erreur, un thème unique serait dévoilé au dernier moment.
Pour se préparer au concours, plusiers méthodes.
L’un s’était assis sur ses talons et avait longuement observé la montagne qui
fait face à sa cabane, tentant d’y distinguer la naissance des sources, le rebond des
cascades, comment les nuages enveloppent le sommet avant que le soleil n’ap-
paraisse, de quelle couleur sont les pans coupés des rochers, du moins ceux qui