The Yale Anthology of Twentieth-Century French Poetry

(WallPaper) #1

part 6. 1981–2002: young poetry at the end of the millennium


D’une grande lourdeur.
Lever le bras sera lent et di≈cile.
Les ombres, autour de nous, se déplaceront.
Elles seront grandes et très noires.
Très sombres.
Nous serons entourés de nos ombres.
Accompagnés de nos ombres.
L’ombre autour de l’arbre sera petite et claire le matin,
grande et sombre le soir.
L’arbre aura son ombre.
Les branches en s’agitant feront déplacer l’ombre des branches.
L’air sera dur, lourd, lent et les odeurs flotteront autour de nous.
Nous ne bougerons quasiment plus.
Nous regarderons.
Les branches qui s’agitent et font bouger les ombres.
L’ombre claire du matin et l’ombre noire du soir.
Le ciel sera bleu le matin, blanc à midi, bleu à nouveau puis noir,
très noir.
Les arbres aussi seront noirs.
Il n’y aura plus de vert.
Les fleurs rouges sortiront de terre.
Plus de douceur, plus d’odeurs, de la lenteur.


L’Hiver


1

C’est l’hiver. Humide et froid. Blanc ou gris.
Le brouillard et les nuages.
Des lignes grises au-dessus d’autres lignes grises,
des nuages blancs sur un ciel blanc
et des clochers presque noirs sur le ciel blanc.
Les rivières fumantes, des gouttelettes d’eau,
les odeurs des feuilles entassées et humides,
l’odeur tiède des feuilles pourrissantes,
une vague odeur de chien et le roucoulement des pigeons aussi.
L’odeur des chiens boueux et l’odeur des flaques de boue.
L’eau grise des flaques boueuses. La brume vert anis.
Une odeur d’humidité et un ciel blanc. Le froid.

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