Les secrets des espion nes d’Israël
Amazones.
L’historien Michel
Bar- Zohar lève le
voile sur les « guer-
rières » du Mossad.
PAR LUC DE BAROCHEZ
A
u début, dans les années 1950,
elles faisaient le café ou
tapaient à la machine à écrire.
Jusqu’au jour où les chefs du service
secret israélien ont compris que les
femmes pouvaient accéder à des
endroits inaccessibles aux hommes,
tout en passant inaperçues. Car « si
vous voyez un homme seul, la nuit, au
coin d’une rue, vous le trouverez sus-
pect, raconte l’une d’elles. Mais si
c’est une femme, vous aurez surtout
envie de l’aider ». Aujourd’hui, elles
composent plus de 40 % des unités
opérationnelles du Mossad, sont
cybernéticiennes, cryptologues,
cheffes de division, voire parti-
cipent à des assassinats ciblés. Au
point que le service, selon l’histo-
rien et ancien député travailliste
Michel Bar-Zohar, est devenu l’ins-
titution la plus féministe d’Israël.
À travers les portraits de
20 « guerrières », l’auteur raconte
dans Les Amazones du Mossad (écrit
avec Nissim Mishal, éditions
Saint-Simon) l’histoire de cette as-
cension, depuis Yolande Harmor,
journaliste américaine qui joua à
la blonde stupide en Égypte et ob-
tint en 1947 les plans arabes d’in-
vasion du Yichouv, la communauté
juive qui préfigurait Israël, jusqu’à
Aliza Magen, première femme à de-
venir, en 1997, la numéro deux du
Mossad. Des agentes ont joué les
premiers rôles dans certains faits
d’armes les plus emblématiques
du service : l’enlèvement du nazi
Bavure. L’agente Sylvia
Rafael, nom de code
« Patricia Roxburgh »,
photojournaliste, fut
condamnée pour avoir
participé à l’assassinat,
en 1973, d’un serveur
marocain confondu avec
un terroriste palestinien.
44 | 6 janvier 2022 | Le Point 2578
NTB VIA AFP – KESHET PUBLISHING
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