Poetry of Revolution: Romanticism and National Projects

(Sean Pound) #1

Il s’écria: ton jour, ô liberté, se lève!
Cri de lion qui fit tressaillir les déserts!
Cri sublime! Et soudain les vils troupeaux d’esclaves
Deviennent des guerriers qui brisent les entraves
En s’armant de leurs propres fers!


II.

Le blanc disait: « Toussaint expire!
« L’aigle est tombé dans nos filets!
« Rage impuissante: vain délire!
« Ils redeviendront nos sujets!

« Et nous rirons de leur défaite
« De leur orgueil, de leur espoir!
« La liberté n’était point faite
« Pour l’homme qui porte un front noir.»

III.

Dessalines apparut superbe, grand, immense!
Lui même les pendit à l’ignoble potence,
Q l’élevèrent pour nous leurs criminelles mains!
C’était pitié de voir la terreur dans leurs âmes!
Pâles, on les prenait sous des habits de femmes,
Et leurs têtes tombaient à paver les chemins!


Oh! s’il voulut détruire après son propre ouvrage.
Si contre des écueils sa barque fit naufrage
Et s’il s’ensevelit sous un triste linceul.
C’est qu’il faut que d’un ciel la clarté se ternisse.
Que le flot se mêlant au sable se brunisse,
C’est que la pure gloire appartient à Dieu seul.


MOI-MÊME

Pauvre jeune homme âgé de vingt-un ans à peine,
Je suis déjà trop vieux. Oui, l’existence humaine
Est bien nue à mes yeux.
Pas une île de fleurs dans cette mer immense!
Pas une étoile d’or qui la nuit se balance.
Au dôme de mes cieux!


Désert sans oasis! campagne sans verdure!
Hélas! c’est le simoun, vent à l’haleine impure,
Non la brise du soir!

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