Poetry of Revolution: Romanticism and National Projects

(Sean Pound) #1

Je m’en allais, le cœur à l’amour tout entier,
Ecoutant ruisseler les cascades lointaines
Et l’atelier chanter ses chansons indigènes.
Annoncer à Marie et la date et le jour
Fixés pour rapprocher et bénir notre amour.
Fille, ô toi qu’entre mille à jamais j’ai choisie



  • Pour ajouter, disais-je une vie à ma vie,
    Pour créer d’un seul mot un ciel à mon bonheur,
    Bientôt nous marcherons à l’autel du Seigneur...
    Elle baissa son front tour-à-tour rouge et pâle.
    D’amour et de pudeur son âme virginale
    Peignit dans ses yeux noirs un éclair de gaieté;
    Puis soupirant de honte et d’incrédulité
    S’égara vaguement de pensée en pensée.
    Bientôt, m’écriais-je, oui, demain ma fiancée!
    Oh! laisse aller ton cœur aux rêves des plaisirs,
    Laisse errer tes pensées au gré de tes désirs!
    Déjà ta jeune sœur a tressé la couronne
    Que ma main posera sur ton front qui rayonne,
    Voici l’anneau qu’un prêtre à ton doigt va bénir
    Portant nos noms que nul ne pourra désunir,
    Quoi! rien autour de toi ne t’annonce cette heure?
    Le vent ne te dit rien? L’oiseau sur ta demeure,
    Marie, a-t-il jamais mieux chanté qu’à présent?
    Viens, accours vers l’onde où tes pas bien souvent
    Te mènent chaque soir pour mirer ta coiffure;
    Son azur te dira combien ta chevelure
    Brille d’un jais plus beau sous ces fleurs du matin
    Dont je ne sais quel souffle a raminé le teint.
    -Comme un lac endormi qui tressaille et se lève
    Sous le vent du matin pour chanter sur la grève,
    A ta voix, cher amour, mon cœur se lève en moi
    Pour murmurer des chants d’espérance et de foi.
    Ils n’ont pas, les jasmins dans leurs blanches corolles,
    Plus de parfum que toi dans tes douces paroles;
    Le vent chantant le soir si plaintif dans le bois,
    N’a pas de son plus pur que le son de ta voix.


D’où me vient cette joie en laissant mon vieux père,
Son humble toit de chaume et ma sœur et mon frère?
Oh! d’où vient que j’appelle ainsi de tous mes vœux
Ce lendemain, cette heure et de pleurs et d’ateliers?


Qu’ils me pardonnent donc cet amour dont je t’aime
Ma vie est impossible aujourd’hui, sans toi-même,
Comme le ciel sans Dieu!...Bientôt c’est le bonheur!

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