Eternise leurs noms, environne d’honneurs
Le seul asile enfin où leur triste poussière
A trouvé la justice et la paix sur la terre.
Réveille-toi, Génie, et ranime les cœurs
De tes jeunes enfants croupis dans les langueurs
D’un coupable repos où la honte et le vice,
Où la mollesse, hélas! font naître l’injustice
Et germer dans leur sein la vile lâcheté,
La triste ingratitude au regard déhonté!
Etouffe dans leurs cœurs l’orgueil et l’égoïsme,
Ramène leurs pensers au saint patriotisme,
Pour qu’aux jours de danger surgis à l’horizon
La nation s’ébranle et marche à l’unisson!
Et toi, le cœur rempli d’extases et de joie,
Tu guideras leurs pas dans cette immense vole
Où l’humanité marche et poursuit son destin
Jusqu’à cet horizon dont Dieu seul est la fin.
Et puis tu verseras dans le sein de nos femmes
La constance et l’amour, céleste encens des âmes,
Surtout le souvenir trop sacré des bienfaits...
O songes! ô désirs d’union et de paix!
N’est-il pas tems d’éclore? et jusqu’à quand, Génie,
Réaliseras-tu ces rêves d’harmonie?
Voici. – Moi, j’eus hier de douces visions
Où mon cœur un instant bercé d’illusions,
Pressentit les beaux jours promis à ma Patrie.
-- Entouré dans le ciel d’une foule chérie
De héros, compagnons de ses premiers combats,
Intrépides martyrs, attachés à ses pas.
De son mol édredon d’azur et de nuage
Pétion, arrêtant ses regards sur la plage
Où son peuple vainqueur erre libre aujourd’hui
Et projette bien loin son éclat et son bruit,
Dit: -- “bénis soient mes fils et toi, leur terre sainte
“Que mes pas ont foulée, où j’ai bu mon absinthe,
“Où j’ai laissé ma gloire et mon nom immortel
“Et bâti seul une aire à mon peuple éternel.
“Ma couvée est éclose aujourd’hui pour ma gloire!
“Oh! mon Dieu, soutenez dans l’air son aile noire
“Trop faible maintenant pour franchir d’un essor
“Et d’un vol assuré l’espace que le sort
“A mis entr’elle, hélas! et ces peuples du monde