Poetry of Revolution: Romanticism and National Projects

(Sean Pound) #1

Y forment un instant de ravissants tableaux;


Mais, plus tard, quand la Nuit aux pieds d’argent étale
Sa robe sur la nef des joyeux matelots,
Ces beaux nuages d’or, pris par l’ombre fatale,
S’éclipsent, envolés aussi vite qu’éclos;


Ainsi les humbles vers de cet humble volume
Où l’inspiration, pour un moment, allume
Un reflet fugitif aux ardentes couleurs,


S’éclipseront demain, L’oubli, cette nuit sombre,
Sur les vers du poète étendra sa grande ombre,
Et nul ne parlera de ses Rires et Pleurs.


LA JALOUSIE


Dans le bleu paradis, ce frais séjour du rêve,
Ève, la belle enfant, curieuse comme Ève,
Se cache aux yeux du Maître, et, trop tard, se repent
D’avoir prêté l’oreille aux propos du serpent.
Pourtant elle sourit, malgré son cœur qui souffre;
C’est qu’il est d’un péché comme de certain gouffre:
On s’y penche avec peur, on y glisse en tremblant,
Tant on craint le remords, au pied sûr quoique lent,
Mais on descend pourtant la spirale du crime,
Et l’on trouve des fleurs au fond du noir abîme.


Ainsi la blonde enfant, cette fleur de l’Éden,
En touchant au doux fruit du céleste jardin,
Sentait que c’était mal; mais, malgré ses alarmes,
Elle avait du péché savouré les doux charmes.


La voici donc heureuse et tremblante à la fois
Auprès de son complice; et, maintenant, le bois
Semble avoir pour eux deux des mystères étranges;
Ils se sentent contents quoiqu’ils ne soient plus anges;
La fleur a des parfums autrefois inconnus;
Malgré la large feuille, ils se trouvent trop nus;
La voix de l’un résonne en douceur infinie;
La femme a les yeux lourds, comme si l’insomnie
Avait posé ses doigts sur ses longs cils soyeux;
Les oiseaux, à présent, ont des chants plus joyeux;
Ève rougit de voir les blanches tourterelles,

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