Poetry of Revolution: Romanticism and National Projects

(Sean Pound) #1

Tous ces vautours, dont l’un, quand l’autre se retire,
Coupe à son tour sa part du sol de nos aïeux!
« Allons! A celui-ci, demandez quel génie
En deux jours a bâti son château somptueux;
A celui-là pourquoi, chaque nuit, l’insomnie
Lui montre une victime au front majestueux.
A cet autre qui vit comme un millionnaire,
Comment économise un si mince employé;
A cet écrivassier qui ne devrait que braire,
Dites tout bas: « Caïn, qu’as-tu fait de ton frère,
Pauvre martyr, hélas! par tes soins fusillé? »


« Interrogez-les tous, dans votre rage sainte!
Demandez au tribun qui singe Mirabeau,
Ce qu’il gagne en votant toujours en cette enceinte,
Pour ses amis d’hier, l’exil et le tombeau!
Et, puisqu’il faut qu’on rie au milieu de ses larmes,
Demandez au Parquet, qui bouffonne et qui mord,
Comment ses attendus et ses vus pleins de charmes,
Devant qui Calino déposerait les armes,
Peuvent toujours conclure à la peine de mort!...


VI.

« Mais quand vos fronts, dont l’un à l’autre touche,
Regardent ensemble au ciel,
Dois-je venir offrir à votre bouche
Un vase si plein de fiel?
Dois-je, ô penseurs épris de poésie,
Changer soudain votre essor,
Et vous montrer votre aile ainsi saisie
Par la main rude du sort?


« Vous qui disiez, prêts à chanter vesprée,
La reine de ce séjour!
Et la campagne, encore diaprée
Des derniers rayons du jour:


« Nous préférons à tout ce que ce monde
« Appelle félicité
« Les bois touffus où la paix est profonde,
« Où l’oiseau s’est abrité! »


Cette voix sombre,
Nous l’écoutions,
Pensifs, dans l’ombre
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