Poetry of Revolution: Romanticism and National Projects

(Sean Pound) #1

Avaient pour notre amour des rayons plus brillants,
Et que l’onde, où voguaient quelques lointaines voiles,
Prenait rien que pour nous tes reflets scintillants.


Il me souvient, Saint-Marc, de tes fraîches campagnes
Où nous allions parfois en joyeux barbacos;
Elle accourait avec ses rieuses compagnes,
Et leurs douces chansons animaient les échos.
Elle et moi, nous allions dans tes vertes prairies,
Redisant ces aveux qu’on s’est dits mille fois,
Et le vent retenait nos chastes rêveries
Pour aller les conter aux palombes des bois.
Mais de ce temps d’amour, ô ville de poète!
Il ne nous reste plus qu’un lointain souvenir;
Et ma lyre, à présent, est à ce point muette,
Qu’avant de commencer mes vers doivent finir!


Laissons donc ces jours disparaître,
Laissons le bonheur s’envoler!
Qui sait? notre muse, peut-être,
Un jour, voudra nous consoler.
Un jour, ô ville toujours chère!
Tes ruines où court le lierre
Diront mes amours de naguère
A mon cœur vieux avant trente ans.
Le poète aime les lieux sombres,
J’irai m’asseoir sur tes décombres,
Et je croirai revoir les ombres
De ces belles fleurs du vieux temps!

III.

Souvent, dans ma chambre isolée,
Je pense à ces jours tissés d’or;
Ma muse, alors, moins désolée,
De Saint-Marc se souvient encor.
Voici, voici l’onde limpide,
L’esquif à la course rapide
Où dormait d’un sommeil candide
Bertita, l’ange bien-aimé.
Quel est ce souffle? C’est la brise
Caressant la surface grise
Du flot qui doucement se brise
Sur le rivage parfumé.
Ma muse redit la romance
Que chantaient les braves marins.
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