Poetry of Revolution: Romanticism and National Projects

(Sean Pound) #1

L’un revue encore à son Hermance,
L’autre espère des jours sereins.
Elle revoit la blanche étoile
Que pas un nuage ne voile,
Et qui dirige l’humble voile
Sur l’océan sombre et houleux.
A ces souvenirs pleins d’ivresse,
Je vois s’envoler ma tristesse
Et ma brune muse caresse
Mon front naguère sourcilleux.


IV.

Ensuite, elle saisit la lyre
Qui dormait depuis si longtemps,
Pour parler dans un long délire
De ces beaux rêves de vingt ans.
Elle revoit la verte plaine
Où du zéphir la fraîche haleine
Venait jusqu’à nous, toute pleine
D’amour et d’enivrant parfum.
Elle chante le doux mystère
De ce rendez-vous solitaire
Où les amants, sur cette terre,
De leurs deux cœurs ne forment qu’un.


V.

S’enivrant par degrés, elle redit ta gloire,
Tes héros rayonnants, ô célèbre cité!
Ceux qui, par leur courage, ont rempli notre histoire
De pages où l’on voit briller la liberté.
Elle évoque ces jours de chaleureuse ivresse
Où l’étranger hautain nous vit rompre nos fers,
Ces jours où, dans les cœurs, une vive allégresse
Nous soulageait des maux que nous avions soufferts.
Ce n’est plus, ce n’est plus la joyeuse colline,
Les rendez-vous charmants sous le ciel toujours bleu...
Ce n’est plus Érato!... –Calliope burine
De grands noms sur l’airain, en des lettres de feu!
Adieu donc, prés fleuris où parfois le poète
S’est assis pour rêver à quelque gai lutin!
Adieu, monts verdoyants que sa muse inquiète
A gravis si souvent pendant le frais matin!
Adieu, baie azurée, où les voiles rapides
Glissaient, sans aucun bruit, au souffle des zéphirs!

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