Poetry of Revolution: Romanticism and National Projects

(Sean Pound) #1

Adieu, beau pont de pierre et tes eaux si limpides!
Adieu! mon luth, pour vous, n’a plus que des soupirs.
Je chante maintenant la gloire de nos pères,
Le joug de l’étranger par leurs fers abattu
Muse, toi qui sais tout, de ces moments prospères.
Et de tous nos grands noms, réponds: Te souviens-tu?
S’il t’en souvient, dis-moi cette belle épopée
Que nos hommes de bronze, au bras fort et puissant,
On *** autrefois de leur arme trempée
Dans l’amer désespoir, dans des pleurs et du sang!
Sans doute qu’ils dormaient, quand ils virent en rêve
Se pencher sur leur lit un front plein de fierté,
Une femme, montrant son bras armé d’un glaive,
Et leur disant tout bas: « Je suis la Liberté! »
Et, sans doute qu’épris de la grande déesse,
Ils voulurent la suivre, hélas! jusqu’au trépas,
--Elle qui leur montrait pour boudoir, pour caresse,
Le beau champ de bataille et les rudes combats!


VI.

Mais, sais-tu bien, ô pauvre muse,
Qui ne vibres que pour l’amour,
Toi dont la douce voix s’amuse
A célébrer l’éclat du jour,
Toi qui montes sur la colline
A l’heure où le soleil décline,
Pour contempler ton Idaline,
Ou Bertha, l’ange au front joyeux,
--Sais-tu bien chanter la victoire?
De nos héros dire la gloire?
Pourras-tu mettre à notre histoire
Une page à brûler les yeux?...
--Non! Laisse donc ces fronts stoïques
Que l’esclavage avait courbés!
Laisse ces villes héroïques
Où tant de braves sont tombés!
Et reviens, muse, à la vesprée,
A l’heure où l’onde est diaprée,
Et la plaine tout empourprée
Des feux d’un beau soleil couchant!
Alors, élève ta voix pure,
En présence de la nature!
Commence par un doux murmure,
Finis par un sublime chant!
Dis-nous la fraîcheur des pelouses,
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