Poetry of Revolution: Romanticism and National Projects

(Sean Pound) #1

J’arrive à l’heure pure où les brises nocturnes
Se parfument aux fleurs qui s’entr’ouvrent le soir...
Mais ma muse, à marcher, use en vain ses cothurnes,
Et, le regard humide, elle revient s’asseoir.
« Quoi! » --dit-elle,-- « où sont donc ces joyeuses
« Ces instants où mes vers étaient mélodieux, [ivresses,
« Où l’inspiration, me couvrant de caresses,
« Me disait de parler le langage des dieux?
« Voici le pont de pierre, --où donc la blanche lune
« Qui se mirait dans l’onde, un soir, pour me charmer?
« Où donc la jeune fille et ses doux serments? –L’une
« Se cache dans les cieux, l’autre a cessé! d’aimer.
« Ces beaux temps ne sont plus, ô mon pauvre poète!
« Il ne m’en reste plus qu’un lointain souvenir...
« Et ta lyre, en mes mains, est à ce point muette
« Qu’avant de commencer tes vers ont dû finir ».


LE CHANTEUR DES RUES


«Puisque c’est ton métier, misérable poète. »
(A. De Musset.)

Puisque c’est ton sort, chanteur misérable,
D’amuser la foule avec tes chansons;
Puisque pour ton cœur rien n’est préférable
Aux joyeux oiseaux de nos verts buissons;
Puisque les heureux, ceux que la fortune
Couvre de ses dons, convie à ses jeux,
Écoutent parfois ta voix importune,
--Soupir de la brise ou vent orageux;--
Puisque du balcon où ta chanson quête
Leurs bravos flatteurs, il tombe parfois
Quelques maigres sous, --tends-leur ta casquette!
Chante, doux ami de l’oiseau des bois!


DUCAS HIPPOLYTE


Pourquoi, lorsque je veux écrire sur sa tombe,
Sous ma plume, des vers sont-ils si vite éclos?
Pourquoi, devant l’abîme où sa jeune âme tombe,
La poésie en deuil a-t-elle des sanglots?


Oh! réponds, chaste muse, ô ma consolatrice!
C’est que son cœur savait chanter l’hymne sans fin;
C’est que Ducas pouvait, ô douce inspiratrice,

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