Poetry of Revolution: Romanticism and National Projects

(Sean Pound) #1

Que te fait la douleur, ô Mort insatiable?
Oh! que te font les pleurs qui coulent à longs flots?
Ton cœur sec, inflexible, est un désert de sable
Qui veut être arrosé de pleurs et de sanglots.


Bientôt, en bruit sinistre, à froides pelletées,
La terre va tomber sur ton léger cercueil;
Et bientôt quelques fleurs, par tes amis jetées,
Parfumeront ton corps en son séjour de deuil.


Ton âme blanche et pure, ouvrant déjà ses ailes,
A pris son vol là-haut, loin des biens superflus.
Mais tu laisses trop tôt nos demeures fidèles!
Tu as revoir trop tôt le pays des élus.


Amis, famille en deuil, laissez couler vos larmes.
Il est bon de pleurer et je pleure avec vous.
Devant ceux qui sont morts la douleur a ses charmes,
Pleurer est un bonheur dont les dieux sont jaloux.


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De ton divin repos, j’ai troublé le silence,
Ducas! –Pardonne-moi! Dans la tombe, endormi,
Alors que vers les cieux ta belle âme s’élance,
Poète, souviens-toi des regrets d’un ami.


27 novembre 1868.

LES DEUX BOUTS DE L’ÉCHELLE


Nous étions deux sur le chemin: lui, gros, fier, blond
Et riche; moi, fluet, noir, pauvre, humble et très long.
« Il me disait: Je suis planteur, propriétaire
De ce château, là-bas, de toute cette terre
Qui s’étend jusqu’à la montagne; je réponds
Au nom de monsieur John, j’ai bâti ces deux ponts
Qui traversent le fleuve; un seul geste, un seul signe
De moi fait accourir – pour eux, honneur insigne --
Quatre cents paysans qui m’appellent sauveur
Et vous? »


Je répondis: « Moi, je suis le rêveur;
Je m’en vais doucement, côtoyant la double arche

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