Poetry of Revolution: Romanticism and National Projects

(Sean Pound) #1

«Pierre, écoute!
Viens-t’en au château; là, j’aurai soin de tes jours;
De la viande parfois, des bananes toujours.
Tu n’auras rien à faire ou, du moins, pas grand’chose:
Tu me diras tes vers quand je serai morose.
--Les riches ont parfois quelque cuisant souci. »


Et je lui répondis: « J’aime mon sort; merci! »


AUX CUBAINS


A Eliseo Grullon.

A vous qui combattez depuis nombre d’années
Pour conquérir la liberté,
Embrassant corps à corps les hordes déchaînées
Sur votre sol ensanglanté;
A vous, peuple proscrit, dont les vertus stoïques
Ont résumé tous les devoirs,
Et qui nous rappelez les combats héroïques
De Toussaint, le géant des noirs;
A vous, frères Cubains qui, contre un joug infâme,
Parfois vaincus, souvent vainqueurs,
Luttez sans nul soutien que votre force d’âme,
Cet auxiliaire des grands cœurs;
A vous, le barde noir vient répéter: « Courage,
« Peuple! Si votre ciel si pur
« S’assombrit quelque temps, -- Dieu chassera l’orage;
« Son souffle vous rendra l’azur!
« Avez-vous vu la mer, pendant une tempête,
« Brisant les fragiles esquifs
« Contre les lourds vaisseaux, qu’elle étreint et rejette
« Aux dents tranchantes des récifs,
« Cependant que la trombe, entrant dans la démence
« Du vaste océan triomphant,
« Du cri des naufragés fait une plainte immense
« Qui s’éteint comme un cri d’enfant?
«Et puis, l’avez-vous vu, la tempête finie,
« L’océan aux flots azurés,
« Avec ces frêles nefs ridant l’onde aplanie,
« Blanches sous les cieux empourprés?...
« C’est là le lendemain! Peuple cubain, courage!
« Frères! si votre ciel si pur
« S’assombrit quelque temps, Dieu chassera l’orage;

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