Poetry of Revolution: Romanticism and National Projects

(Sean Pound) #1

Arbres des voyageurs, fils de nos bois sauvages,
O cocotiers que nous aimons!


Vos fronts n’accueillent plus la brise aux doux mur-
Un mal inconnu vous atteint; [mures;
Un vent empoisonné touche vos chevelures,
Et les flétrit, et les déteint!
En vous voyant ainsi mourir, sans que personne
Cherche à deviner votre mal;
En voyant vos fleurs d’or, au glas de mort qui sonne,
Perdre ainsi leur souffle aromal,


Et tomber à vos pieds, avant que le fruit naisse;
En vous voyant vieillir ainsi,
Vous à qui je croyais l’éternelle jeunesse,
Il me vient un cuisant souci.
Dites-nous, phalange fidèle:
Pourquoi tombez-vous les premiers?
Votre mort annoncerait-elle
La fin de nos autres palmiers?
Et si nul de vous ne résiste,
Mourra-t-il aussi le palmiste,
L’emblème de la liberté,
--Cet arbre dont le temps et l’âge
Embellissent le vert feuillage,
Et qu’ils couronnent de fierté?


Devras-tu périr, pur symbole
Que nos pères nous ont légué?
Te verrons-nous, comme un vieux saule,
Courber ton grand front fatigué,
--Toi qui dardes aux cieux ta flèche
Que le soleil caresse et lèche,
Sans la faner un seul instant,
--Toi qui ne crains que le tonnerre,
Et qui, comme l’aigle en son aire,
Te moques du terrible autan?...

Ces pensées m’assaillent sans trêve...
Faut-il trembler pour l’avenir?
Voir la liberté comme un rêve?
Craindre un réveil qui va venir?
--Faut-il, ô Toussaint Louverture!
Devant cette belle nature,
Fière de tes premiers jalons,
Sentir, en moins de quinze lustres,
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