Poetry of Revolution: Romanticism and National Projects

(Sean Pound) #1
A conserver cet héritage
Qu’à nos enfants nous léguerons;
A redresser un front austère;
A fouler libres cette terre
Où tant de pur sang fut versé,
Empêchant que la tyrannie
Flétrisse notre île bénie
Et ternisse notre passé!

Donc, ô mes cocotiers! Laissez vos palmes vertes
Jaunir et s’effeuiller au souffle du destin!
O nids charmants! laissez vos portes entr’ouvertes:
Vos hôtes vont chercher un abri plus certain!


Beaux palmistes, alors que le vent délétère,
Fanant vos flèches d’or, jettera de vos fronts
Le bonnet phrygien, --à genoux sur la terre,
Fils de la liberté, nous le relèverons!


Et lorsque nous aurons de notre île chérie
A tout jamais chassé les hommes de la nuit;
Quand notre nef aura laissé la barbarie,
Loin, derrière, pareille au sillage qui fuit;


Quand nous aurons planté sur nos mornes fertiles
L’art saint du progrès et que ses verts rameaux
Ombrageront un sol où les choses utiles
Remplaceront nos deuils, nos guerres et nos maux;


Quand nous aurons ouvert pour la franche accolade
Nos bras longtemps fermés aux étrangers, aux blancs;
Quand nous ne serons plus comme un enfant malade
Qui trébuche en chemin sur ses genoux tremblants;


Quand les vieux préjugés, la haine de l’esclave
Pour le maître, fuiront devant l’égalité;
Quand nous aurons éteint cette brûlante lave
Sous l’humide baiser de la fraternité;...
C’est alors, seulement, ô mes palmiers superbes,
Que nous nous sentirons libres sous le ciel bleu,
Et que nous secouerons, à pleines mains, les gerbes
Du flambeau –vérité qu’allume l’œil de Dieu!

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