Poetry of Revolution: Romanticism and National Projects

(Sean Pound) #1

LES FORTS


I.


Comme ennuyé de son impeccable beauté,
De la perfection de son stipe, un palmiste,
Droit, dans la solitude immense, jaune et triste,
Secouait ses cheveux vert sombre en la clarté
Du jour. Sa flèche d’or trouait les hauteurs vides.
Émergeant de la spathe uniflore, un bouquet
Doré, sentant le musc, conviait au banquet
Les essaims vrombissants des abeilles avides.
Et le pollen nacré fuyait comme un adieu.
Les gouttes de cristal, sur son front déposées,
Descendaient lentement, --pleurs de l’aube ou rosées,--
Les cercles espacés marquant l’âge du dieu.
Et la brise chantait un hymne du psalmiste
Dans ses longs cheveux verts de Vénus-Astarté;
Et, comme ennuyé de sa magique beauté,
Droit, dans la solitude, on voyait le palmiste.


II.

L’aquilon peut souffler, brisant en peu d’instants
Les grands chênes noueux, aux multiples ramures,
C’est mettre un sforzando sur les tendres murmures
Du palmiste vaillant qui se rit des autans.
Si la foudre, crevant les nuages pleins d’ombre,
A l’appel de sa flèche, accourt et le combat,
Alors le beau palmier, l’arbre que rien n’abat,
--Sans son aiguille d’or et son panache sombre,--
Comme ennuyé de son impeccable beauté,
Sera toujours debout dans sa sérénité!


III.

La nature est avare en hommes héroïques,
Et le siècle n’est plus des antiques géants...
Où sont les vieux martyrs, les lapidés stoïques,
Les colosses debout au bord des océans?
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Il fut grand, lui, le noir! Quand, surpris par le traître,
Dans l’humide cachot il fut enseveli,
Sur ses traits amaigris, on ne vit rien paraître;

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