Poetry of Revolution: Romanticism and National Projects

(Sean Pound) #1

L’antique Europe et la jeune Amérique
Nous voient, de loin, tenter le rude assaut.
Bêchons le sol qu’en l’an mil huit cent quatre
Nous ont conquis nos aïeux au bras fort.
C’est notre tour, à présent, de combattre
Avec ce cri: « Le progrès ou la mort! »


A l’œuvre, ou tout est éphémère!
Ayons droit à l’égalité!
Nous foulerons, plus fiers, la terre,
Avec cette devise austère:
« Dieu! le travail! la liberté! »

A DELORME


Ne saviez-vous donc pas qu’ici-bas le génie
Est créé pour servir de proie aux ignorants?
Qu’ils n’ont pour le talent que honte, ignominie,
Et du respect pour ceux qui marchent dans leurs rangs?
Que pour vivre en ce monde où la bêtise seule
Est à l’aise, il vous faut leur emboîter le pas?
Marchez donc, mais ployés, courbés comme une aïeule!
Pauvres aigles des monts, votre aile est gauche et veule
Sur cette terre... Ami, ne le saviez-vous pas?


Ne saviez-vous donc pas que, pour vous, la souffrance
Dure toute la vie; et que le seul moment
Où l’horloge pour vous sonne la délivrance,
Où finisse à jamais votre cruel tourment,
C’est lorsque le destin, lassé de vous poursuivre,
Vous conduit à ce port qu’on nomme le trépas?
Pourquoi donc avec eux marcher, enseigner, vivre,
Leur montrer le chemin et leur dire de suivre...
Pauvre cœur incompris, qu’on n’écoutera pas?...


Ne saviez-vous donc pas, vous dont l’aube vermeille
S’illumina soudain d’un éclatant rayon,
Que l’envieux en qui la bonne foi sommeille,
Poète, hait ta plume, et, peintre, ton crayon?
Que son œil, offusqué par la vive lumière,
Déteste l’aigle altier, qu’il regarde d’en bas,
Quand l’oiseau du soleil y baigne sa paupière...
S’il vous force à courber votre front sur la pierre,
S’il est né pour cela, --ne le saviez-vous pas?

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