Poetry of Revolution: Romanticism and National Projects

(Sean Pound) #1

*


--« Manoune, » -- me dit-il ; --et ses douces paroles
Me faisaient frissonner sur mes genoux tremblants !—
--Il laissait, ce jour-là, le patois des créoles,
Pour me parler, hélas! le langage des blancs! –
« Manoune, tu sais bien que j’ai rêvé la gloire
« Pour la mettre à tes pieds! et qu’une heure, avec toi,
« Seul à seul, loin des yeux, vaut tout le ciel pour moi! »
--« Maintenant s’il àqui donc faut-il croire? »


--Enfant, crois à l’éclat du jour!
A la fleur des l’aurore éclose!
Crois à ton beau ciel, crois à toute chose!
Mais, fuis l’inconstant qui parle d’amour!


--Pour l’écouter, l’oiseau se taisait dans les branches,
Moi, j’étais suspendu à ses levers en feu!
Il tenait mes deux mains dans ses mains presque
Et prenait à témoins le regard du ciel bleu !... [blanches,
Depuis, --frais ruisselet dont l’onde invite à boire, --
Tu nous vis bien des fois causes sous le manguier!
Si bien qu’un jour...-mon Dieu! j’avais beau te prier !...
Et l’ingrat m’abandonne !...à qui donc faut-il croire?


--Enfant, crois à l’éclat du jour!
A la fleur des l’aurore éclose!
Crois à ton beau ciel! crois à toute chose!
Mais fuis l’inconstant qui parle d’amour!


SUR LE MORNE LOINTAIN


Sur le morne lointain, semé de blanches cases
Le tambour qui rugit le chant mystérieux
Du magique vaudoux aux divines extases,
Où l’on immole un bouc, où l’on brise des vases,
Enivre les papas, qui battent, furieux,
Le tambour qui rugit le chant mystérieux
Sur le morne lointain, semé de blanches cases.


En sourds, sibyllins, du gosier des sambas,
L’improvisation pleurant les dieux antiques,
Réveille les vieux morts qui gémissent là-bas,
Et guide les danseurs dans leurs lascifs ébats.
Les adeptes fervents écoutent, frénétiques,

Free download pdf