Poetry of Revolution: Romanticism and National Projects

(Sean Pound) #1

Les pieds aux fers, à travers le grillage,
Un pan du ciel apparaît à nos yeux.
Il vient à nous, votre gai babillage:
La liberté permet d’être joyeux.
La brise est pure et toute parfumée;
Nous voudrions la humer comme vous.
Mais il fait chaud et la porte est fermée:
La liberté n’est pas faite pour nous.


Enfants experts, la joyeuse science
Nous a soufflé ses plus douces chansons.
Maintenant forts de notre conscience,
Chantons encor dans nos dures prisons.
Et si la mort, succédant à nos chaînes,
A nos regards apparaît en ce lieu,
Nous volerons bien plus haut que vos chênes,
Charmants oiseaux, nous irons jusqu’à Dieu!


O mon pays! ô ma belle patrie!
Pourquoi faut-il que des hommes méchants
Trouvent leur joie à voir l’âme meurtrie,
Et leur délice à voir mourir nos chants?
Sursum corda! Saluons les altesses,
Les porte-clés, qui tirent les verrous!
Sur nos grabats, pleins de noires tristesses,
Les bras en croix, nous attendons les clous!


Mes oiseaux de palmistes,
Chantez là-bas, dans les tamariniers!
Chantez! nous sommes tristes;
Égayez donc les pauvres prisonniers!


Cachots du Port-au-Prince, 11 juillet 1889.

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