Poetry of Revolution: Romanticism and National Projects

(Sean Pound) #1

Chante la notre sereine,
Tournant dans leur valse rapide ;
Chante les flots capricieux
Cadençant leur rythme timide ;
Chante la vague qui déferle,
Dont la grave cadence endort,
Tandis que la mer, sur son bord,


Brille d’écumes, grains de perle
S’enchâssant dans les sables d’or ;
Chante aussi la brise jalouse
Entr’ouvrant la robe des fleurs
Et frôlant la verte pelouse
Que la nuit humecte de pleurs ;
Chante enfin l’oiseau qui gambade,
Amoureux du jour qu’il bénit
En exhalant de son aubade
Les longs trilles vers l’infini
Chante...


Le poète

Assez de ces chants...Oui laissons la nature
A ceux que tout captive et que rien ne torture ;
Non, ce n’est pas pour moi que la terre a des fleurs,
Que sifflent dans leur nid les oiseaux querelleurs,
Qu’au firmament profond scintillent les étoiles ;
La douleur sur mon âme a mes de sombres voiles,
O muse! et si tu n’as que ces cants pour mon cœur,
Laisse-moi, laisse-moi, seul, avec ma douleur.


La Muse

Lorsque ton âme était d’allégresse absorbée,
Naguère, allais-tu pas, dès l’aube, à la tombée
De la nuit, l’inspirer du refrain des ruisseaux,
Ou du mystérieux gazouillis des oiseaux?
Ta lyre, entre tes mains, s’est-elle enfin brisée,
Un jour que tu chantais l’aurore, ou la rosée,
Ou la beauté du ciel d’astres d’or rayonnant?


Non ; car j’étais heureux !...Mais hélas maintenant
Plus de bonheur pour moi. C’est la pauvre patrie,
Elle sur qui je pleure et pour qui mon cœur prie,
C’est la Patrie, objet de mon culte sacré,
Qu’avec toi, désormais, ma sœur, je chanterai.

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