Poetry of Revolution: Romanticism and National Projects

(Sean Pound) #1

Devant lui, menaçant, s’avança le bourreau,
Le noir semble fléchir : voyant se dresser l’ombre
De la mort, il n’osait la regarder front haut.


Alors –ainsi que fit Semprone la romane—
La noire, encourageant son époux a la mort :
« N’es-tu donc pas heureux de n’avoir plus de chaîne?
Dit-elle en souriant ; veux-tu souffrir encore? »


Et le vieillard debout s’indigna de sa faute ;
Le repentir passa qui raviva son cœur ;
Il s’offrit au bourreau, l’œil serein, l’âme haute,
Et, lancé dans la mer, petit martyr, --vainqueur.


Puis le tour des enfants. Encor jeune et belles,
Mais sans nulle espérance, oh! C’était leur souci
De s’en aller enfin ; mais lorsque devant elles
La mort surgit soudain, elles pleuraient aussi.


Et la noire, vainquant la pitié maternelle,
Leur inspirant ainsi l’horreur des assassins :
« Plus heures que moi, mourrez, leur criait-elle ;
Vous n’aurez point porté d’esclaves dans vos seins! »


Radieuses, alors, s’arrachant à l’étreint
De leur lente agonie, et relevant le front,
Ces vierges au bourreau s’abandonnant sans plainte,
Burent la mort au sein de l’abîme profond.


Et puis, c'était son tour, à l’altière négresse.
En face du bourreau railleur de ses vertus,
Elle eu comme un délire, un transport d’allégresse,
Car la mort des martyrs ne l’épouvantait plus.


Lui-même le bourreau, ce qu’il avait de haine,
Le calme de la mère, esclave le tarit ;
Et comme un damne geint au fond de sa géhenne,
Sa conscience en lui semblait pousser un cri.


Car lorsqu’il eut remploi sa mission cruelle,
Il vit la noire encore le bénir ; et les flots
Rugirent d’épouvante en s’engouffrant sur elle ;
Et la mère indignée exhala des sanglots....

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