Poetry of Revolution: Romanticism and National Projects

(Sean Pound) #1

PAROLES D’UN CROYANT


-I-


Encore à toi, toujours à toi, sainte Patrie,
O le premier objet de mon culte sacré !...
Et tandis que plus d’un jette la raillerie,
En te voyant souffrir, moi, je te bénirai.


Encore à toi, toujours à toi, -- que l’on renie!
Oh! ton plus chaste amour dans mon âme est ancré :
Aussi, dans tes douleurs, dans ta lente agonie,
Sans me lasser jamais, je te consolerai.


Encore à toi, toujours à toi !...Mère, quand s’ouvre
Ton cœur toujours aimant et toujours ulcère,
Soulevant le manteau de deuil qui te recouvre,
A tes deux pieds sanglants, je m’agenouillerai.


Encore à toi, toujours à toi !...Mère, que d’autres
Laissent s’éteindre en eux le flambeau de la foi :
Allant sans défaillir parmi tous ces apôtres
Qui te font l’avenir, j’aurai ma place, moi.


Je lutterai pour toi parce que tu veux vivre,
Abjurer le passé, sans retard, sans regrets,
Etancher dans la source ou tout peuple s’enivre
Ta soif de liberté, de travail, de progrès ;


Parce que tu subis trop d’angoisse et de honte,
Pour n’être pas aimé, compris, idolâtre,
O mon humble Pays !...Aussi, tandis que monte
Le flot des contempteurs, moi, je chanterai.


Moi, je te chanterai, malgré les cris sceptiques,
Tes malheurs grandissant, je sens ma foi grandir ;
Et je tente d’ouvrir, par mes notes épiques,
Ton âme vaste entière à l’immense avenir!




Souffre, ô mon Pays! mais grandis, mais espère!

Free download pdf