Poetry of Revolution: Romanticism and National Projects

(Sean Pound) #1

Qu’un sort toujours cruel ne soit pas ton vainqueur,
Prends la coupe, et bois-en jusqu'à la lie amère ;
Mais haut dans l’infini laisse planer ton cœur.


Souffrir pour s’élever ; garder ses espérances ;
Prendre un plus large essor au plus fort de ses transes :
Oh! Dieu bénit celui qui sait grandir ainsi!
Un peuple ne meurt pas, quand il a pour souci
Le culte de l’honneur, quand il a pour boussole
La foi qui raffermit, qui ravive et console ;
Lorsque, dans l’avenir, il fixe, qui reluit,
Le Progrès, tel un phare au milieu de la nuit,


Pour moi, je sens bondir d’aise mon âme entière
Quand je songe te voir, rayonnant de lumière,
Oh, mon humble Pays, t’en aller de l’avant!
Ne te lasse jamais de ton espoir fervent ;
Marche, et si tu faiblis, que cela te rappelle
Que plus le but est loi, plus la conquête est belle.
Marche ; ouvre l’horizon ; ne cesse de grandir ;
Sous ton ciel lumineux qu’on vienne t’applaudir.
Marche donc ; sous tes pieds vois la force brutale
Qui jadis t’outrageait, riait de te voir pale,
Alors qu’elle t’osait menacer du canon.
Marche ; vois tous les noirs s’incliner à ton nom ;
Vois sous ton fier drapeau ma race qu s’enrôle ;
Vois l’Afrique renaître et reçois l’auréole
De gloire dont le monde a genoux ceint ton front,
Couvrant de ses baiser tout vestige d'affront!




Et tout cela serait une pensée, un rêve!
En ces temps ou la foi dans le progrès soulève
Comme un levier sacré, tu n'aurais pas aussi, aussi,
Toi, notre culte, toi notre plus cher souci,
O mon humble Pays! ...scrutant ta foi tenace,
Dieu, parmi les élus, n’eut pas crée ta place !...
Oh! berce-moi, doux rêve! O mon rêve, prends corps!
Déroulez à mes yeux, ô ferriques décors,
Eternel idéal ou ma pensée aspire,
Puis, au souffle puissant de la foi qui m’inspire,
Soyez réalité!


Non, je ne rêve point ;
Je sens que tu grandis, je vois l’astre qui point

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