Poetry of Revolution: Romanticism and National Projects

(Sean Pound) #1

On entendit vibrer sous nos cieux infinis
Ce cris : Dix-huit cent quatre!


Oh! Tous je vous bénis!

Cent fois je vous bénis, vous dont la gloire immense
Eblouit mon esprit! Ce que votre démence
Lumineuses, divine, osa tenter pour nous :
Ce n’est pas d’avoir vu se briser sous vos coups,
S’écrouler, quand dessus passa votre colère,
Le vieux temple d’airain tant de fois séculaire ;
Ce n'est pas seulement d’avoir vu, tant de fois,
Des martyrs réveillés aux sons de votre voix
Briser soudain le sceau de leur sépulcre étrange ;
Ce n’est pas seulement, dans vos splendeurs d’archange,
D’avoir en l’inondant d’effluves d’idéal,
Perce l’ombre où gisait le dieu colonial ;
Ce n'est pas seul ; émanant, lassés de sang, de larmes,
D’avoir lutté, vaincu, presque sans pain, sans armes,
Et dans ces nains obscurs, raillés, chassés, audits,
Moule tous ces géants tant de fois applaudis ;
Mais c’est d’avoir aussi compris le chant du cygne ;
D’avoir, quand l’aigle altier, pris dans un art insigne,
Eut remplit l’infini d’un murmure nouveau,
En des exploits si grands traduit ce cri si beau ;
C’est d’avoir imprimé, malgré bien des souffrances,
Malgré des jours d’angoisse et de désespérances,
A la voix du martyr comme un écho divin ;
Oh! oui, c’est d’avoir fait, pleins de son souffle enfin,
Et réalisant tous sa grande prophétie,
De Toussaint-Louverture, un voyant, un messie!


LE SUPPLICE DU NOIR


Or, ce n’était pas loin de cette place d’armes
Où sur les nègres vils n’ayant plus sang ni larmes,
Le colon excellait à se montrer cruel ;
Où l’on fit rompre vifs, la face vers le ciel,
Chavanne, Ogé, ces deux vaillants dont l’équipée [sic]
Sublime préluda la sublime épopée ;
Ce n’en fut pas bien loin qu’un crime sombre eût lieu,
Consommé par des blancs, sur un nègre,...sous Dieu!


Il y avait pourtant de ces hommes austères
Pour qui les noirs courbés n’étaient pas moins des frères :

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