Poetry of Revolution: Romanticism and National Projects

(Sean Pound) #1

Et tous ce cœurs français au juste épanouis
S’abstinrent d’applaudir aux excès inouïs
Des colons en démence et de leurs prosélytes...
Dans la vaste avant-cour du couvent des Jésuites,
Sous un ciel plein d’azur, un ciel que ne ternit.
Aucune ombre, ils sont là, forts, en nombre infini,
Les colons, donnant l’âme à grande pensée !...
Déjà le noir tressaille, et la meute est lancée !...


Animés par la fin qui les ronge longtemps,
Sur le martyr serein tous ces chiens haletants
Bondissent ; ils ont l’œil en feu ; leur gueule écume
De rage ; chacun lève un museau tremblant, hume
Cette chair que l’on jette à leur mâle appétit ;
Mais, pourtant, pas un seul ne peut mordre : on eut dit
--A les voir reculer, traînant leurs flots de bave –
Qu’ils maudissent le maître et pleurent sur l’esclave.
Ils on faim, mais devant ce noir ainsi lié,
On eut dit que le ciel leur donne la pitié
Que n’ont plus les c olons...Maintenant, impassible,
Se dérobant quand même aux rigueurs inflexibles
Du maîtres, les voilà qui reculent, s’en vont!


Alors Pierre Boyer, surgissant, haut le front
Brandit son sabre avec une humeur souveraine,
Rassemble ses limiers, redescend dans l’arène,
Et tout fier des bravos mille fois répétés
Des tonnerres de cris des colons exaltés,
Accort, l’œil flamboyant, le frappe la victime :
Et, quand le sang jaillit, pour que l’excès du crime
Ne les ébranle pas, le féroce saisit
Les dogues effares qu’il lance !...Et c’est ainsi
Qu’en dépit du ciel même il inspire sa rage :
Et la tourbe enivrée exalte son courage,
Et compte le cynique au nombre des héros!
Alors, comme ces blancs, ces chiens se font bourreaux.
Excité par les cris incessants de la foule,
Par la vue et le flair du sang vermeil qui coule,
Ils plongent, pantelants, sur l’esclave martyr :
Et les colons ravis bien plus haut d’applaudir!
Il râle, et ces colons vierges d’une âme humaine,
Redoublent leur puissance au braiser de leur haine
Lancent de plus longs cris pour garder, en ces flancs,
La meute cramponnée à ses membres sanglants
C’est un esclave! c’est un nègre! Eh bien, qu’importe
Qu’il meurt ainsi! ...Mais lui, gardant une âme forte,

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