Poetry of Revolution: Romanticism and National Projects

(Sean Pound) #1

N’ont rien fait que de grand pour nous voir tous issus
Sans crainte, sans remords, sans honte, sans bassesse,
Mais le front haut, avec un titre de noblesse,
Nos fiers aïeux n’avaient quelque fois massacré,
Incendié, détruit, qu’au nom du Droit sacré ;
Et leur pitié, d’ailleurs, répondait à des crimes ;
Et pourtant, ils savaient épargner leurs victimes ;
A ceux qui leur disaient : « Oeil pour œil, dent pour dent, »
Ils savaient, -eux le Droit, -pardonner, cependant!
Voilà notre bilan. Faites-nous voir le vôtre,
Etranger insulteur ; prouvez qu’il ne s’y vautre
Aucune de ces lis que réprouve le Bien ;
Montrez-y des vertus que l’on n’immole à rien.
S’il n’en peut être ainsi, donc c’est beau, c’est très juste
Que le droit soit pour vous de ces mots qu’on incruste
En des discours tremblants !...Or, ce n’est plus assez
Des menaces ; sans peur, sans scrupule, agissez.
Oh! des droits du plus faibles on ne tiendra pas compte ;
Venez donc! agissez consommez notre honte ;
Que rien ne soit debout où grondent vos canons ;
Qu’on apprenne à trembler en entendant vous noms,
Attilas! que jamais ne croisse plus une herbe
Ou vous passez, drapés dans votre orgueil superbe.
Etre grands, désormais, implique être inhumains
Et, bien, à la faveur de l’ombre, que vos mains
Cinglent de leurs soufflets notre joue encor vierge.
Oui, vous aurez raison. Qu’importe, avec sa verge,
L’Avenir qui regarde, indigné, plein du feu
D’une colère immense et vous montrant à Dieu!
Qu’importe, oubliez tout ; oubliez que l’Histoire
A de sombres regards pour toiser votre gloire
Teinté de sang ; qu’elle a ses colères aussi ;
Qu’elle insulte les grands et les forts, sans souci
De force ou de grandeur ; qu’elle n’a pas à craindre
L’oppression farouche accourant pour éteindre
La Justice, et foulant des siècles sous ses pas ;
Oui, tonnez : oubliez que l’Histoire n’a pas
A redouter sans cesse –ainsi qu’un jeune peuple
La démence des Batchs, la rage qui dépeuple
Les cités, la terreur dédaignant la raison
Du Droit et se faisant cracher quelque rançon ;
Oubliez tout cela, pour descendre en vos fanges,
Superbes, encensé de flatteuses louanges,
Jusqu’un jour où, vengeant les faibles de vos coups,
La colère du ciel aura passé sur vous.

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