Poetry of Revolution: Romanticism and National Projects

(Sean Pound) #1

LE POETE A DIEU


La Patrie est en proie à son dernier martyre :
Vois, mon Dieu! sous les coups de ses fils elle expire !...
Pourtant je garde encore la foi ;
Et tandis qu’en mon cœur le désespoir me crie
Que vains sont nous efforts, que morte est la Patrie,
J’espère encor, toujours, en toi!


En toi la grande force et l’éternelle gloire!
En toi, qui, seul, mon Dieu! peux donner la victoire
A la mère sur les enfants!
Oui, tu mettras un frein à nos guerres civiles,
En faisant rayonner dans nous champs, dans nos villes
La Paix et l’Amour triomphants!


Car voulant, avec nous, que, belles dans leur gloire,
Dans sa fille Haïti vive la race noire,
Tu les béniras toutes deux ;
Tu les arracheras aux fréquentes étreintes
De ceux qui, malgré tout : leurs prières, leurs plaintes
S’érigent en bourreaux hideux!


A tous ces insensés qui surgissent contre elles
Aiguisant le poignard des passions cruelles,
Seul, mon Dieu, tu t’opposeras!
Seul, tu feras gémir dans leur géhenne sombre,
Spectres hagards livres à des remords sans nombre
Tous ces forts et tous ces ingrats


Parle, toi-même, Dieu! Livre à leur conscience
Ceux qui bravent ainsi ta sainte patience :
Fais-les obéir à tes lois!
Qu’en voyant la Patrie a ce point abaissée,
Ils sentent tout l’enfer au fond de leur pensée,
Ils reprouvent leurs vils exploits!


Car nous ne gardon plus, au milieu de ces guerres
Exécrables, l’espoir de désarmer nos frères
En leur prêchant toujours la paix ;
Notre voix ne peut rien dans la lutte sauvage
Où le cynisme aveugle est surnomme courage,
Où l’on sourit à des forfaits!


Et bien, parle pour nous, brise la coupe amère ;
Fais entendre ta voix, ressuscite la mer

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