Poetry of Revolution: Romanticism and National Projects

(Sean Pound) #1

Déjà couchée en son linceul.
Notre espoir est brisé, notre force est finie ;
Mais ce que ne peut pas l’amour ou le génie,
Tu le pourras, mon Dieu, toi seul!


L’EVEIL


Les voilà, tenaillés pas leurs désirs tenaces!
Ils parlent de venir nous outrager encore,
De nous faire céder quand même à leurs menaces,
Et de nous dépouiller, bientôt, de tout notre or!


Ils rêvent, ces puissants, de faire table rase
De nos droits, d’imposer, -- à l’aide du canon, --
Leur seule volonté de garder la Navase,
Et de tenter bien pis si nous leur disons : Non!


Ils s'avisent, enfin, d'avoir: les uns, le Môle;
Les autres, la Tortue ; et les autres enfin...
Que sais-je? ...oubliant, tous, que la haine s’immole,
Que l’union renaît, quand le danger survient!


Et lorsque, dans la foule, une voix passe et crie
« Caveant consules! frères, j’entends des pas !’
Veillons sur le drapeau! veillons sur la patrie! »
On le nomme alarmiste et l’on n’écoute pas !...


Oui, si quelqu’un, scrutant de perverses pensées,
Embouche le clairon et sonne le réveil,
On demande pourquoi ces rumeurs insensées,
Pourquoi l’ombre vient-elle offusquer le soleil !...


Pourquoi ??? qu’a-t-on besoin, chaque jour, de te dire?
N’a-t-on plus souvenance? Aurait on oublie
Combien de fois ces forts, jaloux de nous détruire,
Sont venus nous choquer, sans raison, sans pitié ?...


Pourquoi? C’est que, devant une inique furie,
On ne peut de ses droits se montrer trop jaloux ;
On ne peut trop crier quand dans la bergerie
De timides pasteurs laissent glisser les loups !...

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