Poetry of Revolution: Romanticism and National Projects

(Sean Pound) #1

Pourquoi? C’est qu’on a vu de ces âmes serviles,
Qui, ne se pavanant qu’en leur peau d’étranger,
Ont soufflé leur venir dans nous guerres civiles
Et nous avons insultés à l’heure du danger ;


C’est qu’on en a bien vu te clouer des épines,
Te ternir chaque fois qu’à leurs yeux tu brillas,
Et s’en aller, après, tout charges de rapines,
Ne voyant plus en nous que de vils parias ;


C’est qu’on en a bien vu, que nous saoulions naguère,
Se réveiller parfois, au jour du lendemain,
Ne laissant jusqu’au fond rien que la lie amère,
Et rire, en nous voyant la coupe dans la main ;


C’est qu’on en a trop vu !...Cette clique farouche
Du maîtres de chez nous qui sont chez eux valets,
C’est pour te la montrer que malgré tout, j’embouche
Le clairon, ô patrie, et te redis : Crains-les!


Crains-les tous tant qu’ils sont,ô Mère encore meurtrie!
Crains les dans leurs conseils, crains-les dans leurs présents ;
Car c’est pour les avoir trop écoutés, Patrie,
Que tu n’as point vécu tes quatre-vingt-six ans!


Crains-les !..et si, malgré ton extrême prudence,
Malgré ce que tu fais pour grandir sans remords
Ils venaient se heurter à ton indépendance,
Oh! redresse-toi donc, lève-toi donc alors!


Et quitte à te sentir la balle meurtrière
Aux flancs, secoue alors ton sommeil de lion :
Au flair du vieux chasseur hérisse ta crinière ;
Rugis, toi-même aussi ; prétends au talion!


Prouve enfin qu’en cédant à des lois rigoureuses,
Lorsqu’avec toi, jadis, on faisait l’exigeant,
C’est avec le mépris des âmes généreuses,
Et non avec la peur, que tu crachais l’argent!

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