April] SOCIETYOF BIBLICAL ARCHEOLOGY. [1890.
par des hommes ou des femmes, pourraient être exercées ou
énoncées contre le possesseur de l'amulette et contre son bien.
A ce propos, selonla manière foncièrementpaïenneet babylonienne,
on paraît avoirsollicitél'influenceauxiliaired'unepuissanteplanète,
peut-être celle de Jupiter, contre ces sortilèges. Dans la pièce
D, on emploie le terme talmudique njFfàp pour désigner une
amulette. On lui attribue presqu'uneoriginecéleste,et elle doit pro
tégercontreles malédictions, les maléfices, les sortilèges d'hommes
ou de femmes, contreles mauvais esprits mâleset femelles, contre
le mauvais œil, etc., en invoquant dans ce but deux très bons
espritsou des anges. Cetteinscriptioncontientaussiplusde mots
hébreuxque les autres, et elle a aussi plus de couleur juive que
les autres pièces. On trouve en effet dansle Talmud (B., tr. Sabbat,
67) des formules d'adjurationavecdes mots tout-à-fait inintelligibles
et des noms invoqués contrediversesmaladies et contre les mau
vais esprits ; quelques-unes de ces formules sontdésignéescomme
païennes. Dansles notes à Jamblichus, de mysteriis Aïgyptorum,
Gale cite diverses formules d'adjurationen caractères grecs,com
poséesde mots isolésqui n'ont aucunsensnon plus :—
" Les gnostiques, les païens hellénisants,regorgeaientde textes
incompréhensibles,en ce sens qu'ils étaientdépourvusde détermina
tionsdirectes. NousautresEuropéens,nousen avons possédédans
le Moyen-âge ; nous en avons encore aujourd'hui. Je dois à la
bienveillanteobligeance de M. Miller, dit feu Gobineau,* la com
municationde deux amulettesgrecquesque je copie ici :—
Bap/3apoi,fîappapiÇovoa, ^afia^wpa, fiapfiapwv wpt, mpnovfioXt
ffôife701/ <j)opovvTa.
" Pour produiretoutson effet cette invocation doitêtre écrite
sur papier. Maisl'autre seravraiment puissantesi elle est tracée
sur une feuille d'étainet ainsi qu'ilsuit :
Ji€VTifiaTe<pqK£i>re(j)pa<y\vicaive.
"Ces deux exemples n'ont pas de sens appréciable, et pro
viennentcertainement d'unesource, d'uneimitationet d'une cor
ruptionperso-araméenne."
Resteà savoir dansquelssièclesnos documentsont été composés,
car il va sans direqu'ils appartiennentà des époques différentes.
Pourdéterminerla date d'unmonumentécrit,on a recours à trois
moyens: le contenu, la langue, la forme des lettres.
- A. de Gobineau, Traitédes Cuniiformes, II, p. 375.
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