Méditerranée Mer Vivante 20e édition

(jfmeinesz) #1

Espèces à découvrir 105


Découvrons les richesses de la mer


Le monde invisible du plancton microscopique
Rodolphe Lemée, Professeur à Sorbonne Université, Lab. d’Océanographie de Villefranche
(UMR 7093), Institut de la Mer de Villefranche. [email protected]

Saviez-vous qu’une goutte d’eau
de mer (0,0005 litre) contient en
moyenne mille cellules microscopiques animales
(les protozoaires), un million de bactéries et
jusqu’à dix millions de virus? Mais ne vous
inquiétez pas, ces micro-organismes ne sont
heureusement pas pathogènes pour l’homme.

Il y a vingt ans, on croyait que ces microbes
jouaient un rôle négligeable dans le
fonctionnement global des océans. La plupart
des livres présentaient l’écosystème du vivant
marin de pleine eau (le monde pélagique) basé
uniquement sur le développement de quelques
« grosses » cellules végétales communes (comme
les diatomées ou les dinoflagellés, qui atteignent

en moyenne quelques cinq centièmes de
millimètre de diamètre).
Ces cellules végétales (elles font partie du
phytoplancton) sont consommées par des
organismes animaux minuscules (le zooplancton
comme les copépodes, minuscules crustacés les
plus abondants en mer). Ce zooplancton est à
son tour mangé par des organismes plus gros,
bien visibles à l’œil nu, comme les méduses, les
crevettes ou les poissons (anchois, sardines...).
Les dauphins, baleines et autres cétacés,
représentent l’ultime marche de cette pyramide
du vivant de pleine eau, ils se nourrissent de
crevettes ou de poissons.
Ce n’est que depuis le début des années 1980,
que l’utilisation de nouvelles techniques
de comptage des petits organismes dans
l’eau de mer a révolutionné notre vision du
fonctionnement de l’écosystème pélagique. Il a
été alors établi que dans une grande partie des
zones océaniques, la quantité (biomasse) des
créatures microscopiques (diamètre inférieur
à 0,01 mm) est supérieure à celle des cellules
du plancton mieux visibles au microscope
(composant l’essentiel du plancton végétal).
Ces organismes minuscules forment ce que l’on
nomme le réseau microbien. Il est composé par
des bactéries végétales (équipées de chlorophylle
et capables comme les végétaux de produire de la
matière organique à l’aide de l’énergie solaire et
de sels nutritifs) et des bactéries hétérotrophes

© Rodolphe LEMéE


© Stephane GASPARINI

Dinoflagellé du
genre Ceratium
(longueur = 100 μm)

Copépode du genre
Sapphirina
(longueur = 6 mm)
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