Méditerranée Mer Vivante 20e édition

(jfmeinesz) #1

Espèces protégées 11


Protégeons ces espèces menacées


Sur quelles bases une espèce a pu bénéficier
d’une protection juridique?
Les bases initiales ont été calquées sur la protection
des espèces terrestres. Ainsi, pour les espèces qu’il
convient de protéger on distingue :



  • les espèces menacées d’extinction. Ce sont celles
    dont l’aire de vie a été fortement réduite par l’Homme
    avec des effectifs devenus critiques. Si les atteintes sur
    ces espèces vulnérables ne sont pas stoppées, elles
    vont disparaître inexorablement. En Méditerranée, le
    phoque moine ( p. 89 à 91) est l’exemple unique.

  • Les espèces rares. Ce sont celles qui sont
    naturellement peu fréquentes ou qui ne se trouvent
    que dans une zone extrêmement réduite (donc
    endémiques d’un site peu étendu). Ce dernier cas
    est fréquent sur Terre mais exceptionnel en mer. En
    revanche, d’autres critères distincts de ceux valant
    généralement pour les espèces terrestres ont justifié
    une protection d’espèces marines :

  • la valeur écologique d’une espèce. Certaines
    espèces végétales peuvent constituer des « forêts »
    sous-marines, habitats structurants. Leur destruction
    a des conséquences locales sur des milliers d’espèces
    associées. En Méditerranée, les herbiers de
    posidonies ( p. 17 à 20), les prairies de cymodocées
    ( p. 21) ou de zostères ( p. 22) et les buissons de
    cystoseires ( p. 29 à 31) entrent dans cette catégorie :
    ces espèces pourtant très communes et fréquentes
    ont été, à juste titre, protégées,

  • la valeur symbolique, emblématique, patrimoniale
    ou affective d’une espèce. C’est le cas de la protection
    d’espèces peu fréquentes, qui se raréfient localement
    suite à certaines pratiques. C’est avant tout des
    espèces « attachantes » qui bénéficient de ce statut :
    tortues, dauphins, baleines, oiseaux de mer, etc. Elles
    sont très défendues par les adeptes de « la cause
    animale ».

  • la menace locale de surexploitation de certaines
    espèces consommées ou récoltées pour d’autres
    besoins. Elle a justifié des mesures de protection
    spécifiques (langouste, araignée de mer, homard,
    mérous, corail rouge, certains coquillages, oursins
    etc.).


Quelles sont les principales atteintes aux
espèces protégées?
Rares sont les espèces menacées à l’échelle de
la Méditerranée à cause de la « pollution », terme
si galvaudé qui suggère éléments chimiques ou
bactéries. Les causes de menace les plus importantes
sont physiques :


  • c’est avant tout (et de très loin pour les espèces
    littorales) les aménagements gagnés sur la mer qui
    sont les plus nocifs du fait de l’irréversibilité des
    destructions causées et de leur ampleur cumulée
    ( p. 185 à 186),

  • ce sont les prélèvements excessifs de nourriture
    appréciée ( poissons, crustacés), de trophées
    (grande nacre), ou de squelettes précieux (corail)
    qui mettent en danger localement certaines espèces
    animales et par conséquent l’ensemble des chaînes
    alimentaires.

  • ce sont les bouleversements de l’ensemble des
    écosystèmes sous-marins littoraux provoqués par
    la prolifération d’espèces introduites. Plus de 1000
    espèces ont été introduites en Méditerranée ( p. 142
    à 165)

  • ce sont les conséquences du changement
    climatique en cours. Il va s’accentuer dans les
    décennies à venir et va bouleverser les équilibres en
    place surtout entre 0 et -100 m de profondeur.


© Courtoisie-Laurent BALLESTA / Andromède Océanologie
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