12 Méditerranée - Mer vivante
Gardons la mer vivante
Qui incite et décide de la protection d’une
espèce?
Soyez surpris par ce qui suit. La plupart des espèces
littorales présentées dans ce livre, ont été protégées
grâce aux efforts d’un petit nombre d’experts
naturalistes plongeurs enseignants chercheurs des
universités, chercheurs du CNRS et du muséum
d’histoire naturelle de Paris. Le processus est le suivant :
ces experts signalent les espèces qu’il convient de
protéger à un groupe de collègues siégeant dans des
comités régionaux (et un comité national) mis en
place par le ministère en charge de l’environnement
afin d’émettre un avis scientifique sur des questions
relatives à la protection du patrimoine naturel.
Cette activité de conseil pour le ministère en charge
de l’environnement est volontaire et bénévole.
Ces experts s’adonnent à cette activité citoyenne
sans aucune concertation avec leur employeur
hiérarchique (les présidents des universités ignorent
tout de cette activité non prévue dans le statut et
fonctions de leur agent). Des anomalies résultent de
ce système : des espèces énigmatiques sont protégées
suite au lobbying d’un spécialiste bien en vue par les
autorités. Qui connaît, qui a vu en Méditerranée les
espèces protégées Schimmelmannia schousboei
et Ptilophora mediterranea? Sont-elles réellement
menacées nécessitant une loi pour les protéger? Il
en est de même pour un certain nombre d’espèces
protégées (certaines n’existent même pas en
Méditerranée, d’autres ont changé de nom depuis
longtemps...). L’appel au bénévolat des experts,
justifié dans les années 1970 pour dresser les listes
officielles, a été figé par des conventions et lois.
L’ensemble n’est plus cohérent, ni fondé.
Un cadre juridique faible, redondant et
obsolète
Un certain nombre d’espèces méditerranéennes
strictement marines (environ 160 sur 12 300 visibles
à l’œil nu) sont citées dans un ou plusieurs textes
juridiques afin de les protéger. On distingue des
textes internationaux (couvrant toute la planète, tous
les pays européens ou tous les pays méditerranéens)
et nationaux. Ces textes mélangent dans des listes
les espèces terrestres d’eaux douces ou saumâtres
avec les espèces marines de la Méditerranée
ou de l’océan, d’autres concernent un groupe
d’espèces ( par exemple les cétacés) présentes sans
discernement devant l’ensemble des côtes françaises
et les départements d’outre-mer. Quelques arrêtés
nationaux ne concernent qu’un groupe d’espèces
observables uniquement devant les côtes françaises
de la Méditerranée.
Les protections d’espèces au niveau
international.
Quatre conventions internationales incitent les pays
signataires à protéger des espèces marines. On
distingue ainsi :
La Convention de Barcelone (Ba) : Le
« protocole relatif aux aires spécialement protégées
et à la diversité biologique en Méditerranée » de la
« Convention pour la protection de la Méditerranée
contre la pollution ». a été signé en 1976 à Barcelone,
sous l’égide du programme environnement des
Nations Unies. Il a été amendé en 1995 et 2009.
Deux listes donnent pour la première 126 espèces
marines de Méditerranée « en danger ou menacées »
(le qualificatif d’« espèces protégées » n’est pas
mentionné) et pour la seconde 38 espèces, dont
l’exploitation doit être règlementée.
Les scientifiques désignent les
espèces à protéger