Méditerranée Mer Vivante 20e édition

(jfmeinesz) #1

Espèces protégées La Flore 15


Protégeons ces espèces menacées


contrôles et de répressions ; dans ce sens toutes
les personnes intervenant pour la protection des
espèces marines (habilitées à dresser des procès-
verbaux ou des amendes en mer) devraient au
moins être capables de reconnaître les espèces
protégées par les conventions et les lois et avoir
une idée sur leur vulnérabilité et les raisons de leur
protection. C’est aussi loin d’être le cas pour la
majorité des fonctionnaires assermentés.


Toute la stratégie de défense d’espèces
réellement menacées à revoir
Vous l’avez compris, la protection des espèces est
basée sur un certain amateurisme fonctionnel : c’est
selon la disponibilité et le bon vouloir de spécialistes
académiques, experts de terrain volontaires et
bénévoles, mais actuellement vieillissants, dont le
maintien de leur laboratoire est sans cesse menacé
(la protection de l’environnement n’est pas une
thématique en vogue dans les universités). Si la
protection des espèces marines a été initiée par un
lobbying opportuniste de scientifiques passionnés -
bricolage justifié au début -, il serait temps de réviser
le processus de protection de la biodiversité des
espèces marines de la Méditerranée. La protection
d’une espèce ne doit pas être limitée à graver un
nom dans le marbre des décrets ou arrêtés.


Régulièrement, des experts missionnés, se basant
sur les connaissances des spécialistes concernés,
devraient mener une révision de la petite liste
d’espèces marines méditerranéennes protégées
(environ 160) pour analyser la justification de
leur protection, faire le point sur leur suivi,
sur la sensibilisation réalisée, réexaminer la
règlementation en cours et réviser éventuellement
les mesures coercitives à appliquer.
Il appartient au ministère en charge de
l’environnement (demandeur) de s’accorder
avec les institutions fournissant actuellement les
spécialistes et experts bénévoles (universités,
CNRS) afin qu’elles reconnaissent et valorisent leurs
chercheurs naturalistes et qu’elles maintiennent
dans chaque région côtière des laboratoires de
spécialistes reconnus pour leur rôle sociologique de
connaissance et de gestion de la biodiversité marine
de leur aire d’influence.
Seule une telle gouvernance pourrait amener à
définir avec pertinence les objectifs à atteindre
pour la protection des espèces marines réellement
menacées et les orienter dans le temps.
Le rôle des associations
Tout autour de la Méditerranée un grand nombre
d’associations ont été créés pour sensibiliser
le public afin de défendre certaines espèces
emblématiques, menacées ou en raréfaction
(les posidonies, les oiseaux de mer, les tortues
marines, les mérous, les cétacés, les requins, les
hippocampes etc.). D’autres associations, aidées par
les collectivités territoriales, sensibilisent les enfants
sur le thème de la protection de la biodiversité
marine. Les fédérations de plongeurs contribuent
aussi à mieux faire connaître le milieu marin
( p. 278). Cette vigueur collective et citoyenne est
le signe d’une prise de conscience pour valoriser et
protéger nos richesses sous-marines faunistiques et
floristiques.
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